Marc 15, 42-47

« Il le déposa dans le sépulcre »

Proclus de Constantinople

Sermon 11 sur la Passion du Seigneur, PG 65, col. 783-788

 

          Les oracles prophétiques s’accomplissent, l’enfer va cracher son venin mortel et la mort va recevoir un mort qui est toujours vivant ! Les chaînes que le serpent avaient forgées en paradis vont être détruites, et les esclaves vont être libérés. Le larron va faire l’assaut du paradis que garde depuis des milliers d’années un chérubin au glaive de feu. La lumière brillant dans les ténèbres va vider le trésor de la mort, et l’entrée du roi dans la prison va faire sauter les portes, car il brise les portes d’airain et les verrous de fer, et celui que reçoit la mort comme un simple mortel dévaste son empire, car c’est le Dieu Verbe. Adam se lèvera et Abel sera sain et sauf, et ceux que la mort avait dévorés et qui gémissait sous sa coupe s’exclament : Mort, où est ta victoire ? Enfer, où se trouve ton aiguillon ? Que dis-tu de cela, toi qui regardes la croix avec mépris et te moques de la Passion ? Tu ris de la mort, tu montres le tombeau du doigt ; mais fais donc aussi attention à la victoire.

            Tu admires Abel ; il est mort. Parle-moi de Noé ; mais lui aussi connut la corruption. Alors, tu me parles d’Abraham ; mais Abraham aussi est mort. Fais-tu mention d’Isaac ; il est tombé et ne s’est jamais relevé. Le patriarche Jacob est lui aussi tombé en poussière. Te souviens-tu de l’histoire des ossements de Joseph ? Quant à Moïse, on ne sait même pas où il fut enterré. Rassemble tous les prophètes, rappelle-toi tous leurs tombeaux et tais-toi. La mort les a tous engloutis et n’en a rendu aucun. Mais aujourd’hui, se tient debout au tribunal celui qui vient détruire la malédiction. Les prophètes rassemblés l’interrogent : Que sont ces plaies au milieu de tes mains ? Comment la Passion ose-t-elle t’atteindre ? Il répond : J’ai ramené ma vigne de la terre d’Egypte, je l’ai arrosé par le passage de la mer, je l’ai entourée d’un mur, je l’ai protégé par la circoncision ; les prophètes et la loi la gardaient. J’attendais qu’elle donne du raisin, elle m’a donné du verjus ; alors je me suis fait comme un homme descendu dans la fosse, comme un homme fini.

            Ô Passion, purification de l’univers ; ô mort, principe d’immortalité ; descente aux enfers qui jette un pont pour les morts afin qu’ils puissent passer au royaume de la vie. Ô midi de la mort du Christ, retour de ce midi du paradis où Eve a cueilli le fruit. Clous qui fixent le monde à Dieu et transpercent la mort ! Ô épines, fruit de la vigne mauvaise, fiel qui donne la douceur de la foi, éponge qui lave le monde de son péché, roseau qui inscrit les fidèles sur le livre de vie ! Signe de contradiction, mystère qui scandalise les Juifs et que les païens taxent de folie. Christ force de Dieu, sagesse de Dieu, ce qui est fou pour Dieu est plus sage que le monde. Il a détruit la mort, dépouillé les enfers, rendu la vie à ceux qui étaient morts.