Marc 16, 9-15

Un mandat illimité

Adrienne von Speyr

Saint Marc, p. 720s

 

          La partie décisive du message de Pâques réside en ce que le Seigneur confie aux Onze un mandat de mission illimité : le monde entier et toutes les créatures forment l’espace de ce mandat. Et voilà qu’il donne aux disciples pas moins que le monde entier à convertir. L’Evangile doit être prêché à toutes les créatures, et l’Evangile tel qu’ils l’ont vécu, tel qu’il n’est pas encore écrit : la Bonne Nouvelle de l’événement du Seigneur. Tout ce qu’ils ont connu par lui, vécu avec lui, vu de lui, tout ce qu’ils n’ont pas vu, entendu, connu et qui était pourtant contenu dans sa Parole qu’il est lui-même : c’est tout cela qu’ils doivent annoncer. C’est un mandat illimité. S’il avait été donné pendant la Passion, ils auraient croulé sous son poids. Mais le Seigneur utilise la joie des retrouvailles pour leur confier ce mandat au cœur de cette joie. C’est comme un exode absolu partant de ce moment de joie et débouchant dans la joie pour le monde entier ; un signe de plus que le Seigneur ne s’arrête jamais, n’offre rien de fini, ne communique rien qui n’entre dans l’infini du Royaume des cieux, dans l’infini de sa vie divine avec le Père et l’Esprit. C’est donc un mandat illimité, dont il est lui-même le contenu, tout aussi illimité. Et tout ce que des croyants feront désormais pour servir le Seigneur sera lié à l’apostolat, mais à un apostolat dont la première caractéristique est la joie. A Pâques, il donne aux siens cette joie de pouvoir le servir malgré leur imperfection et leur défaillance récurrente. Cela nous concerne tous. Et si quelqu’un soupire en disant que c’est trop, que ça dépasse ses forces, que sa santé ne tient pas le coup et qu’il n’a aucun succès, que tous ceux à qui il parle sont sourds, tout cela ne joue aucun rôle. Ce ne sont que des ombres passagères qui ont à s’effacer devant la grande joie pascale. L’apostolat est un mandat né de la joie et pour la joie.

            La foi et le baptême sont alors deux actes qui se fondent l’un dans l’autre. La foi apparaît d’abord comme la réalité entièrement personnelle qui me concerne et que j’opère : c’est l’engagement que je prends. Puis cette réalité personnelle est comme recouverte par la réalité impersonnelle du sacrement et contenue en elle. Je ne peux pas en même temps croire au Seigneur et refuser le baptême, et encore moins me faire baptiser sans croire. Ma conviction personnelle et les sacrements de l’Eglise fusionnent. Foi et baptême sont comme tenus ensemble par la promesse de la vie éternelle : celui qui est baptisé sera sauvé parce qu’il a cru. Ce qu’il faut entendre ici par salut est clair : c’est l’ouverture de la porte de la vie éternelle, une ouverture qui se produit quand foi et baptême se rencontrent.