Apocalypse 18,21 – 19,10

La cavalerie du Seigneur

Origène

Commentaire sur le Cantique des cantiques, II, 6, SC 375, p. 384s

 

          A ma cavalerie parmi les chars de Pharaon, je t’estime semblable, ma compagne. Le sens historique de ces paroles, le voici : en Egypte, autrefois, quand Pharaon était à la poursuite du peuple d’Israël, avec ses chars et sa cavalerie, ma cavalerie, la mienne, celle du Seigneur Epoux, l’emportait de beaucoup sur celle de Pharaon ; elle lui était supérieure, aussi elle l’a vaincue et précipitée dans la mer. De même, toi aussi, ma compagne Epouse, tu l’emportes sur toutes les femmes, toi qui es devenue semblable à ma cavalerie, laquelle, comparée aux chars de Pharaon, se montre en tous points plus puissante et plus glorieuse.

          Regardons maintenant si le sens mystique ne voudrait pas signifier ceci : il est des âmes qui se trouvent sous le joug de ce Pharaon et sous les esprits pervers que sont les chars de Pharaon ; Pharaon lui-même les dirige et les pousse à persécuter le peuple de Dieu, à opprimer Israël. Il est certain que les tentations et les épreuves, que les démons provoquent contre les saints, sont suscitées par quelques âmes en mesure de le faire. Montés sur elles comme sur des chars, ils pourchassent et attaquent l’Eglise de Dieu et ses fidèles.

          Elisée, dans le deuxième livre des Rois, au sujet de l’avance des ennemis qui étaient venus avec cavaliers et chars, dit à son petit serviteur rempli d’effroi : N’aie pas peur, car il y en a plus avec nous qu’avec eux. Elisée pria et demanda au Seigneur d’ouvrir les yeux de ce garçon pour qu’il voie. Le Seigneur lui ouvrit les yeux, et il vit : voici que la montagne était pleine de cavaliers, et autour d’Elisée de nombreux chars de feu étaient descendus vers lui. Le Seigneur a donc lui aussi des chevaux, il a sa cavalerie : c’est, je pense, des âmes qui acceptent la discipline, qui portent le joug de sa douceur, et qui sont conduites par l’Esprit de Dieu. C’est là d’où provient pour elles le salut.

Nous lisons dans l’Apocalypse de Jean qu’un cheval lui est apparu, et, assis sur lui, un homme fidèle et vrai, jugeant avec justice, dont le nom est le Verbe de Dieu : Je vis le ciel ouvert, déclare Jean, et voici un cheval blanc. Celui qui était assis dessus est appelé Fidèle et Vrai. Il juge et combat avec justice. Son nom était Verbe de Dieu, son armée était dans le ciel, et ses troupes le suivaient sur des chevaux blancs, revêtus de lin fin d’un blanc pur. C’est donc à ce cheval blanc, à cette cavalerie céleste que le Christ compare et assimile son Eglise.