Actes 5,12-32 ou 1 Corinthiens 1,18-2,5 ou 1 Corinthiens 4,1-16

L’eau et l’Esprit

Tertullien

Du baptême, 4, 1-4, Œuvres Complètes, p. 953s

 

          L’Esprit préfigurait le baptême, lui qui, dès le commencement était sur les eaux, il était appelé à demeurer sur elles pour les vivifier. L’Esprit de sainteté était porté sur l’eau sainte, ou plutôt l’eau empruntait sa sainteté à l’Esprit qu’elle portait.

          Car toute matière soumise à une autre prend nécessairement la qualité de ce qui la domine, surtout quand le spirituel pénètre le corporel par la subtilité de sa substance. Car il s’insinue facilement.

          C’est ainsi que, par l’Esprit de sainteté, l’eau se trouve sanctifiée dans sa nature, et devient elle-même sanctifiante.

          Mais, dira-t-on, sommes-nous donc baptisés dans ces eaux qui existèrent au commencement ?

          Bien sûr ! Ce ne sont pas les mêmes sinon en ce sens qu’elles relèvent du même genre, quoiqu’en des espèces différentes.

          Mais ce qui est attribué au genre rejaillit sur les espèces. Nulle différence entre ce qui est lavé dans la mer, ou dans un étang, dans un fleuve ou une source, dans un lac ou dans son bassin. Qu’importe ?

          De même, pas de différence entre ceux que Jean a baptisés dans le Jourdain, et Pierre dans le Tibre. L’eunuque que Philippe baptisa en chemin d’une eau que le hasard lui offrit, n’emporta ni plus, ni moins de grâce.

          Toutes les espèces d’eau, par l’antique prérogative qui les marqua dès l’origine, participent au mystère de notre sanctification, une fois Dieu invoqué sur elles. L’invocation faite, l’Esprit survient du ciel, demeure sur les eaux, les sanctifie de sa présence, et ainsi sanctifiées, elles contractent le pouvoir de sanctifier à leur tour.

          D’ailleurs, ces eaux ont un rapport direct avec les desseins de Dieu. La tache du péché nous avait souillés ; les eaux nous lavent de ces souillures. Mais les péchés ne paraissent pas sur la chair, ils impriment leur difformité dans l’âme où se consomme principalement la faute. C’est l’esprit qui commande, la chair obéit en esclave.

          Ainsi, dès que les eaux ont reçu une vertu médicinale par l’intervention de l’ange de Dieu, l’âme y est lavée  au moyen de l’Esprit.