Ephésiens 4, 1-24

L’Ascension du Seigneur : une source de joie

Père Michel de Certeau

L’Ascension, Christus, avril 1959, p. 211s

 

          Où donc es-tu caché ? Ce sont ses amis, ses disciples, qui parlent ainsi, car les autres ne portent pas en eux ce souci. Invisible à tous, le Christ ne se montre plus sur nos chemins. Où donc est-il ? Où apparaît-il à ceux qui le prient ? Ils le cherchent parce qu’ils l’aiment, mais rien de ce qu’ils font ou de ce qu’ils voient ne leur donne de le rencontrer. Toutes choses ne leur sont encore que de vains messagers : Aucun ne sait me dire ce que j’attends.

          Le fidèle se reporte avec nostalgie à l’époque heureuse où les apôtres vivaient en compagnie de Jésus. Ils le voyaient, ils l’entendaient, ils marchaient à sa suite et prenaient avec lui leurs repas. Ils furent pourtant eux aussi privés de lui. Le Seigneur s’en alla. Mais il fit mystérieusement de ce départ une joie et la source de l’assurance avec laquelle les disciples devaient traverser ce temps de la séparation : Je suis avec vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde. Eveillant en eux le désir de le retrouver, il leur donnait aussi la certitude qu’il ne les quittait pas. Leur communauté, vivant de ce désir et de cette foi, animée par l’amour qu’il avait suscité en elle, devait devenir désormais le signe de sa présence.

          Le départ de Jésus est le terme de sa vie et l’inauguration de sa gloire. Il définit désormais la vie spirituelle, toujours prévenue par celui qu’elle cherche, toujours en quête de celui qu’elle trouve. L’Ascension, cause de scandale et de joie, car elle est un mystère de Jésus, inaugure cette charité qui est sa présence en nous et qui se dilate sans cesse parce qu’elle est aussi la forme la plus profonde du désir.

          Ils sont donc réunis dans la chambre haute où ils se tiennent habituellement, et là tous d’un même cœur, ils sont assidus à la prière. Ils repassent ensemble la vie de Jésus, ils ouvrent ce trésor qu’ils portent en eux et que l’Eglise inlassablement va méditer, découvrant toujours davantage les richesses laissées en elle par le passage de Jésus. Que faut-il dire : que le souvenir de Jésus les rassemble, ou que leur communauté fraternelle est la vivante mémoire de Jésus ? Les deux sont également vrais, mais, en dernier ressort, seule la charité transforme le souvenir qu’ils gardent de lui et les désirs qu’ils tournent vers son retour en source de joie.