Matthieu 28, 16-20

Toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit

Père Pierre Benoit

Passion et Résurrection du Christ, p. 381s

          Dès la mission primitive, les apôtres baptisent : la conversion des mœurs et la rémission des péchés s’opèrent par le baptême.

          Un problème est posé ici par la formule : Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. On se demande quelquefois Si Jésus l’a prononcée telle quelle dès ce moment-là, car elle n’apparaît pas encore dans les Actes des Apôtres où l’on baptise au nom du Christ. Des théologiens comme saint Thomas admettent que, dans les débuts, la formule baptismale pouvait être seulement christologique et non pas trinitaire. La formule écrite ici par Matthieu pourrait répondre à l’usage liturgique de son temps, vers 70 ou 80. L’évangéliste Matthieu l’aurait écrite spontanément, telle qu’elle s’est développée ; il n’y aurait pas là de quoi se troubler. Un phénomène semblable s’observe pour les paroles sacramentelles de l’Eucharistie, dont les formules rapportées par les évangélistes diffèrent légèrement selon l’usage liturgique de leur temps ; car les églises avaient, comme maintenant encore, des formules diverses quoique de substance identique.

          Ainsi saint Matthieu aurait écrit les paroles du baptême selon la formule en usage de son temps. Il ne faut pas en déduire que Jésus n’a pas révélé la Sainte Trinité, ni que l’ordre de baptiser ne remonte pas à lui. Le Père, le Fils et l’Esprit sont l’expression résumée de tout son enseignement, en tant et tant de paroles : Mon Père m’envoie, Je viens de la part de mon Père, Je vous donnerai mon Esprit, etc… Mettre en question la formule dans son détail littéraire n’équivaut pas à mettre en doute la révélation de la Trinité par le Christ. On peut envisager que la formule employée par saint Matthieu soit légèrement anachronique et reflète la règle ecclésiastique de son temps.