Marc 16, 15-20

L’Ascension du Seigneur

Saint Bernard

Sermon 60 pour l’Ascension du Seigneur, SC 518, p. 397s

 

          Personne n’est monté au ciel sinon celui qui descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel.

          Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, voulant nous enseigner comment monter au ciel, a lui-même fait ce qu’il a enseigné : il est monté au ciel. Mais il n’aurait pu y monter sans d’abord en descendre. Or, descendre et monter, la simplicité de sa divinité ne lui permettait, car elle ne peut subir de diminution, ni d’augmentation, ni de variation d’aucune sorte. Aussi a-t-il assumé, dans l’unité de sa personne, notre nature, c’est-à-dire la nature humaine : c’est en elle qu’il allait descendre puis monter, et nous montrer ainsi la voie par laquelle nous aurions, nous aussi, à monter.

          En effet, affirmer : Personne n’est monté au ciel sinon celui qui en est descendu, c’est exprimer qu’il a assumé la nature humaine ; mais ajouter qui est dans le ciel, c’est montrer ce qu’il y a d’immuable dans sa nature divine. Et dans ces paroles, il nous est encore signifié qu’il est lui-même la voie par laquelle nous avons à monter, et la patrie où il nous faut demeurer : la voie de ceux qui cheminent encore, et la patrie de ceux qui ont atteint le but.

          C’est pourquoi, tout en demeurant ce qu’il était par sa propre nature, il est, pour nous, descendu et monté dans la nôtre, déployant sans aucun doute sa force d’une extrémité à l’autre, et disposant tout avec douceur. Car il est descendu jusqu’à ne pouvoir aller plus bas ; il est monté si haut qu’il ne convenait pas d’aller plus haut. Dans cette descente, il a déployé sa force, car il était puissance ; il a disposé la montée dans la douceur, car il était sagesse. Il est descendu, il n’est pas tombé. Car celui qui tombe est précipité d’un coup, tandis que celui qui descend le fait pas à pas, par des degrés.

          Mais il y a des degrés dans la descente, comme aussi dans la montée. La montée comporte trois étapes. Le premier degré, la première étape, fut la gloire de la Résurrection, le deuxième le pouvoir du jugement, et le troisième le place à la droite du Père. Par la mort, il a mérité de ressusciter, par la croix le pouvoir de juger. Quant à la condition même de serviteur, la chair dans laquelle il a souffert et il est mort, une fois ressuscité, il l’a élevée plus haut que tous les cieux jusqu’à la droite du Père.

          Par le mystère de son Incarnation, le Seigneur est descendu, puis il est monté, nous laissant un exemple pour que nous suivions ses traces.