Jacques 3, 1-12  

« Vous qui enseignez, tenez votre langue »

Père Divo Barsotti

Méditations sur l’épître de saint Jacques, p. 69s

 

          Vous le savez, nous recevrons un jugement plus sévère, car tous nous péchons en beaucoup de choses. Evidemment, saint Jacques, ici, parle de lui, se reconnaît enseignant donc docteur, mais il se confesse aussi pécheur. Lui-même, dit-il, tombe en beaucoup de choses, chaque jour. La grandeur d’une mission ou d’une fonction dans la communauté ne préserve pas l’homme du péché. Certes, Jacques est le chef de la communauté, mais il est, comme tous, un homme faible et imparfait. Les honneurs ne soulèvent pas le chrétien au-dessus des autres : comme tous, il est à la fois fils de Dieu et pécheur. Jacques n’insiste pas sur sa dignité, qui est pur don de Dieu, mais plutôt sur sa faiblesse d’homme sujet au péché comme tous.

          Il est le Maître, comme notre Seigneur. Chef de la communauté plutôt que prêtre. Il était scribe, docteur de la Loi, et même le grand scribe de l’Eglise de Jérusalem, l’interprète de la Parole de Dieu. C’est comme tel qu’il adresse son discours d’exhortation aux frères dans la foi. Il n’est pas le liturge, il n’est pas le prêtre qui offre le sacrifice. A la fin de la lettre, apparaîtront les anciens, mais Jacques ne se range pas non plus parmi eux.

          Ceux qui gouvernent la communauté sont, comme dans la synagogue, les docteurs. Le culte chrétien apparaît alors comme l’interprétation de la Parole de Dieu et l’exhortation morale. Jacques ne fait pas mention du baptême, ni de l’eucharistie, qui semblent n’avoir pas pour lui la même importance que la parole. Cette parole peut s’adresser à Dieu comme prière, louange et bénédiction ; mais quand elle s’adresse aux hommes, elle peut facilement devenir cause de discorde. C’est ce qui est arrivé, semble-t-il, chez les frères de la Diaspora à qui Jacques écrit.

          Les paroles de Jacques n’accusent pas directement les frères, et pourtant elles supposent qu’ils n’aient pas pleinement conscience du rapport qu’ils prétendent avoir avec Dieu et des relations qui les unissent entre eux. La raison pour laquelle leur langue était poison mortel pourrait être cherchée en ceci : que tout en bénissant Dieu, ils maudissaient leurs frères.