1 Jean 2, 18-29

« Telle est la promesse que lui-même nous a faite : la Vie éternelle »

Père Marc Joulin

Vivre Dieu, réflexions sur la 1ère première lettre de saint Jean, p. 49s

 

          La vie éternelle : il faut comprendre cet adjectif éternel au sens biblique qui est celui que lui attribue Jean. L’Eternel, dans la Bible, c’est Dieu lui-même, l’un des noms que lui donnaient les croyants, comme le TrèsHaut ou le Saint. Les traductions françaises d’origine protestante, à la suite des traductions juives portent systématiquement le nom Eternel, là où la plupart des versions catholiques, à la suite des Septante avec le mot Kyrios, et de saint Jérôme avec le vocable Dominus, traduisent Seigneur.

            Actuellement, lorsqu’en français moderne nous parlons d’éternel, nous désignons ce qui dure indéfiniment et résiste à toutes les atteintes du temps. Nous appauvrissons ainsi le sens originel qui comporte non seulement l’idée de durée, mais celle de stabilité, de solidité, d’absolu, de plénitude d’être. Cela rejoint d’ailleurs d’ailleurs le nom même de Yahvé révélé par Dieu à Moïse, mot qui est interprété, traduit par Je suis, Je suis qui je suis, et qui peut se comprendre comme Je suis celui qui demeure dans l’être, c’est-à-dire l’Eternel.

            Lorsque jean écrit : Nous vous annonçons la Vie éternelle, cela signifie donc : « Nous vous annonçons Jésus-Christ, Fils éternel de Dieu le Père, venu pour nous faire participer à la vie de Dieu. Il est évident que cette vie qui existe depuis toujours ne finira jamais. Jean peut affirmer que le croyant possède dès ici-bas et sans délai la vie éternelle, parce que Dieu lui donne quelque chose de sa propre vie pour le transformer à son image, comme un père transmet sa vie à son enfant, et son enfant lui ressemble. La Vie éternelle, c’est une certaine qualité de vie. Le croyant, né de Dieu, est alors en communion d’esprit et de cœur avec Jésus et par lui avec Dieu et avec tous les enfants de Dieu, au sein d’une communauté fraternelle où tous sont unis. Et de même que Jésus, vivant chaque jour de la vie de Dieu a vaincu la mort, eux aussi la vaincront.

            L’enseignement de Jean dans sa  lettre rejoint celui de l’évangile. Jésus disait : Celui qui croit à la vie éternelle ; qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. Une équivalence s’établit ainsi entre la vie éternelle et l’intimité avec le Christ lequel introduit en Dieu. Pour désigner cette intimité, Jean emploie un très beau mot, celui de communion.  Avoir la vie éternelle, c’est vivre en union avec Jésus-Christ et se laisser guider par lui vers le Père. Cela se fait chaque jour, et ce qui est commencé aujourd’hui durera toujours puisque la vie de Dieu ne peut s’arrêter. Nous savons que, lors de cette manifestation, nous lui serons semblables et nous le verrons tel qu’il est, éternellement.