Exode 24, 1-11 ou 1 Corinthiens 11, 18-34

L’Eucharistie dans saint Paul

Baudouin de Ford

Le sacrement de l’autel, II, 4, SC 94, p. 403s

 

          L’apôtre Paul donne à l’Eglise de Dieu qui était à Corinthe toutes sortes d’instructions sur la vraie religion. Entre autres enseignements salutaires, il lui livre ce qu’il a appris du Seigneur et qui pourra être utile à l’édification de toutes les Eglises, touchant la Cène du Seigneur, c’est-à-dire le sacrement de son corps et de son sang. Il montre comment ce repas a été institué, avec quels détails et suivant quel cérémonial ; ce qu’il est, quelle en est la vertu, en quoi il est utile, ou à qui il est funeste. Or il y avait à Corinthe des chrétiens qui méritaient des reproches dans la manière dont ils recevaient ce sacrement. Ils lui témoignaient trop peu de respect, comme s’ils avaient ignoré et sous-estimé la dignité d’une si grande grâce. A cette occasion, il écrit pour dire quelle souveraine dignité il convient de reconnaître à ce sacrement, et par le blâme qui convient il freine l’audace irrespectueuse de ceux qui ont mal agi.

          Il blâme le mal de la discorde, et dit : Quand vous vous réunissez en assemblée, j’entends dire que des scissions se font parmi vous ; et j’en crois bien quelque chose. Il note une cause de discorde : dans l’église, où l’on s’assemble pour une cause d’unité, les uns réclamaient l’offrande qu’ils avaient apportée, et les autres, n’en recevant aucune part, étaient couverts de confusion. Cette seule raison, en admettant qu’il n’y en eût pas d’autre, pouvait suffire à les empêcher de manger la Cène du Seigneur. aussi dit-il : Quand vous vous réunissez au même lieu, ce n’est pas là manger la Cène du Seigneur. Comme s’il disait : Du seul fait qu’il y a des scissions entre vous, il ne vous est pas permis de la manger. Ou bien : Vous subissez dès maintenant un premier dommage : c’est qu’il ne vous est pas permis de manger la Cène du Seigneur. Dans l’avenir, si vous n’y prenait garde, il vous arrivera pire.

          Il ajoute une autre raison : Chacun se dépêche, avant la Cène du Seigneur, de prendre son propre repas pour le manger, et non pour le partager avec les pauvres. Ce qu’il appelle Cène du Seigneur, c’est la réception de l’Eucharistie, qu’on ne doit pas prendre après avoir déjeuné, mais à jeun, en l’honneur d’un si grand sacrement. Sans doute le Christ a-t-il donné cette Cène à ses disciples après le repas pour la mettre plus en évidence, parce qu’il voulait qu’elle fût le dernier souvenir dans leur cœur et leur mémoire ; il a réservé à ses apôtres d’enseigner comment il faudrait la recevoir dans la suite.