Romains 8, 28-39

Faire l’expérience du Christ

Saint Bernard

Sermon 71, SC 472, p. 249s

 

           Vraiment, où pouvons-nous, hommes faibles que nous sommes, trouver ferme sécurité et sûr repos, sinon dans les plaies de notre Seigneur ? J’y demeure d’autant plus en sûreté que mon Sauveur est plus puissant pour me sauver. Le monde a beau frémir, le corps m’accabler et le diable me tendre des pièges, je ne tombe pas, établi que je suis sur un roc inébranlable.

          Ai-je gravement péché ? Ma conscience est troublée, mais je ne désespère pas parce que je me souviens des plaies de mon Sauveur, car il a été blessé à cause de nos iniquités.

          Qu’y a-t-il donc de si mortel, dont on ne puisse être libéré par la mort du Christ ? Quand je peux compter sur un remède aussi puissant et aussi efficace, je ne saurais plus m’épouvanter d’aucune maladie, si maligne soit-elle.

          Ce qui me manque, en effet, de mon côté, je le puise avec confiance dans le Cœur du Seigneur, où affluent les miséricordes ; il est si ouvert qu’elles peuvent s’en écouler largement. Ils ont percé ses mains et ses pieds, et ils ont ouvert son côté d’un coup de lance. Par ces ouvertures, il m’est permis de goûter et d’expérimenter combien le Seigneur est bon.

          Il formait des pensées de paix, et moi, je n’en savais rien. Car qui connaît la pensée du Seigneur ? Qui a été son conseiller ?

          Mais la clef qui ouvre, c’est le clou qui pénètre en Lui pour me faire découvrir la volonté du Seigneur. Pourquoi ne verrais-je pas par cette ouverture ? Les clous proclament et la plaie du côté crie que vraiment Dieu est dans le Christ, Se réconciliant le monde.

          Le fer a transpercé son âme, il a touché son Cœur, et Il ne peut plus  ne pas compatir à ma faiblesse. Le mystère de son Cœur s’est dévoilé à travers les blessures de son corps. Oui, il s’est révélé, le grand Sacrement de la piété et elles se sont ouvertes les entrailles de miséricorde de notre Dieu, par lesquelles la lumière d’en-haut nous a visités.