1 Samuel 12, 1-25
Dieu demande qu’on s’en remette entièrement à Lui
Cardinal John-Henri Newman
L’attachement au sens propre fut le péché de Saül, n° 9-12

Une tentative subtile, mais pas tellement rare, prévalut sur la foi de Saül : l’esprit d’insoumission, un inconcevable désir d’agir en dehors de la simple obéissance à la volonté de Dieu, une répugnance à se soumettre, à se rendre totalement à lui.
On voit tout de suite que c’était là un caractère de la nation juive, et que ce roi ressemblait à son peuple. Et l’on ne pouvait guère s’attendre à ce qu’il en fût autrement, puisqu’il était né dans cette même perversité typique qui les conduisit à se choisir un roi en rejetant Dieu. Il suffit de rappeler en détail leur histoire pour y trouver des exemples d’une telle insoumission : ici, ils voulurent garder la manne pour le lendemain ; là, ils sortirent pour ramasser le septième jour. Rappelons aussi leur entêtement à transgresser le second commandement, leur décision présomptueuse de combattre les Cananéens bien que Dieu leur eut prédit la défaite.
Abraham et David, au contraire, bien qu’ils eussent les armes à la main, s’en remirent à Dieu pour qu’il accomplisse sa promesse temporelle à l’heure qu’il choisirait. C’est là-dessus que porte la distinction, souvent marquée dans le livre des Rois, entre ceux qui servent Dieu d’un cœur parfait, et ceux qui le servent imparfaitement. On voit la même condamnation indirecte dans l’exhortation de Moïse aux Israélites avant leur sortie de la terre d’Egypte. Ne craignez pas, restez en place et regardez le salut que le Seigneur va vous envoyer. Le Seigneur combattra pour vous, et vous, tenez-vous tranquille. L’épreuve du peuple consistait vraiment à ne rien faire de lui-même, mais à suivre le Tout-Puissant aveuglément, lorsqu’il le conduirait. L’épreuve des Israélites, et leur péché, se poursuivirent jusqu’à la fin de leur histoire. Quand vint le Christ, ils furent infidèles à l’élection à cause de ce même esprit de rébellion qui refusa de recevoir le message du Nouveau Testament tel qu’il leur était annoncé et voulut l’incorporer à leur formalisme rituel. Ignorant la justice de Dieu, et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu.
Tel fut donc le péché des Israélites en tant que nation. Il avait, longtemps auparavant, corrompu la foi de leur premier roi.