Jacques 4, 1-12  

Les martyrs intercèdent auprès de Dieu : ils ont gardé le trésor de la foi

Saint Jean Chrysostome

Eloge de Martyrs, Tome I, SC 595, p. 337s

 

          Posséder des reliques de martyrs ne nous est pas seulement utile contre les attaques des hommes et les maléfices des démons : même si notre Maître commun est en colère en raison de la multitude de nos péchés, nous pourrons aussitôt le rendre indulgent en plaçant des reliques devant nous comme protection. Si, à l’époque de nos ancêtres, ceux qui ont accompli de grandes actions ont obtenu un certain réconfort en plaçant devant eux comme protection les noms de saints personnages et en se réfugiant sous la patronage d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, et s’ils récoltaient à la mémoire de ces noms une aide très utile, pour nous, cette aide sera beaucoup plus grande dès lors que nous pourrons rendre Dieu indulgent, doux et bienveillant, non pas en plaçant devant nous comme protection seulement des noms, mais aussi les corps mêmes de ceux qui ont participé aux luttes. Et ce que nous affirmons là n’est pas de la vantardise : beaucoup savent, parmi nos compatriotes comme parmi ceux qui sont venus d’ailleurs, combien est grand le pouvoir de ces saints, et attestent nos affirmations, car l’expérience leur a appris quelle assurance ceux-ci ont devant Dieu, et c’est bien naturel.

          Non, ils n’ont pas combattu pour la vérité d’une manière ordinaire, mais en tenant fermement et vigoureusement leurs positions face à la violence et à l’agressivité du diable, combattant comme s’ils étaient dans des corps corruptibles et mortels, comme si déjà ils avaient été transformés en la nature impassible et immortelle, dépouillée des contraintes rudes et douloureuses inhérentes au corps. Car, comme des bêtes sauvages, cruelles et féroces, les bourreaux qui les avaient encerclés de tous côtés leur perçaient les flancs, leur déchiraient les chairs, leur désarticulaient les os et les dénudaient, et rien ne les arrêtait dans ce comportement cruel et inhumain. Mais bien qu’ils leur eussent ouvert le dos et les entrailles, et qu’ils fussent arrivés au plus profond de leurs corps, ils n’ont pas trouvé le moyen de les dépouiller du trésor de la foi entreposé en eux. Que pourrait-il y avoir de plus prodigieux que cette victoire !