Juges 16, 4-2-6 + 16-31

Samson

Robert Lahaye

Les saints de l’Ancien Testament, nos Pères dans la foi, p. 169s

 

          S’il faut louer Samson pour avoir cru qu’il devait concentrer sur lui seul toute l’hostilité des Philistins, afin de délivrer Israël de leurs mains, hélas ! Il faut le blâmer de s’être laissé séduire, et dire avec saint Ambroise : Samson, vaillant et fort, étouffa un lion, mais il ne put étouffer sa passion. Il rompit les liens des ennemis, mais il ne rompit pas les attaches de ses désirs. Il incendia les moissons étrangères, et lui-même enflammé par le faible feu d’une seule femme, il perdit la moisson de sa vertu.

          Déjà privé de la grâce sanctifiante, il livra le secret de sa force à Dalila, et il perdit son charisme. Mais ne livrer ce secret divin qu’après avoir été lassé à en mourir, c’était encore y croire comme à ce qui lui restait de plus précieux, alors même que sa passion préférait Dalila. Il gardait sa foi, mais une foi morte.

          Pourtant cette foi allait revivre et opérer encore héroïquement dans sa mort. Il est vrai que Samson se tua lui-même pour se venger des Philistins qui lui avaient arraché les yeux. Mais s’il put se tuer, c’est seulement parce que le Seigneur, exauçant sa prière, lui rendit sa force miraculeuse. N’y a-t-il pas là une justification ? Comment, dit saint Augustin, excuser Samson de s’être écrasé lui-même avec ses ennemis par la ruine d’une maison, si ce n’est parce que cela lui avait été commandé secrètement par l’Esprit qui lui faisait faire des miracles.

          Cet Esprit a-t-il pu lui inspirer de se venger ? Oui, mais seulement pour venger une dernière fois Israël et son Dieu : Israël outragé dans son juge, et Dieu spolié de sa louange par les Philistins qui offraient des victimes à Dagon, en disant : Notre dieu a livré Samson notre ennemi entre nos mains. Aussi le héros mourut-il très probablement par une foi revivifiée en la mission qui l’avait mis seul à part afin de délivrer Israël pour la gloire de Dieu. C’est par cette foi qu’il retrouva la miraculeuse force vengeresse, qu’il avait prié Dieu de lui rendre avec le signe renaissant de sa consécration ; c’est par cette foi qu’il s’ensevelit avec les ennemis de son peuple et de son Seigneur dans un triomphe qui figure pour notre propre foi la mort du Christ écrasant le démon, le péché et la mort. Cette foi allait revivre et opérer encore héroïquement dans sa mort.