1 Samuel 7,15 – 8,22

Dieu musicien de l’Univers

Saint Irénée

Contre les Hérésies, SC, II, 25, 2 + IV, 20, 7 + II, 28, 3

 

          Diverses et multiples n’en sont pas moins, pour autant, les choses qui ont été faites : replacées dans l’ensemble de l’œuvre divine, elles apparaissent comme pleines de proportions et d’harmonie ; mais, envisagées chacune à part soi, elles apparaissent comme opposées les unes aux autres et discordantes. Il en est d’elles comme des sons d’une cithare, qui, grâce à l’intervalle même qui les sépare, produisent une mélodie une et harmonieuse, encore que constituées de sons multiples et opposés. Celui donc qui aime la vérité ne doit pas se laisser abuser par l’intervalle existant entre les différents sons, ni soupçonner l’existence de plusieurs artistes ou auteurs, dont l’un aurait disposé les sons aigus, un autre les sons graves, un autre encore les sons intermédiaires : il doit reconnaître au contraire qu’un seul et même Dieu a œuvré à faire apparaître la sagesse, la justice, la bonté, et la munificence de l’œuvre entière. Ceux qui écoutent cette mélodie doivent louer et glorifier l’artiste qui l’a faite ; ils admireront la hauteur de certains sons, remarqueront la profondeur de certains autres, percevront le caractère intermédiaire de certains autres encore ; ils considèreront que certaines choses sont les figures d’autres choses, se demanderont à quoi chacune a rapport et chercheront leur raison d’être, mais sans jamais transformer la doctrine, ni s’égarer loin de l’artiste, ni rejeter la foi en un seul Dieu, Auteur de toutes choses, ni blasphémer notre Créateur.

          Ainsi dès le commencement, le Fils est le Révélateur du Père puisqu’il est le commencement avec le Père : les visions prophétiques, la diversité des grâces, ses propres ministères, la manifestation de la gloire du Père, toute cela à la façon d’une mélodie harmonieusement  composée, il l’a déroulé devant les hommes, en temps opportun, pour leur profit. En effet, où il y a composition, il y a mélodie ; où il y a mélodie, il y a temps opportun ; où il y a temps opportun, il y a profit.

          A travers la polyphonie des textes, une seule mélodie harmonieuse résonnera en nous, chantant le Dieu qui a fait toutes choses : Louez Dieu dans son sanctuaire, louez-Le au firmament de sa puissance, louez-Le en toute sa grandeur ! Louez-Le par l’éclat du cor, louez-Le par la harpe et la cithare, louez-Le par la danse et le tambour, louez-Le par les cordes et les flûtes, louez-Le par les cymbales retentissantes. Que tout ce qui vit et respire loue le Seigneur.