Jacques 5, 12-20

La prière

Père Divo Barsotti

Méditations sur l’épître de saint Jacques, p. 170s

 

          Le thème fondamental de la fin de cette lettre de saint Jacques est la prière. On peut prendre patience dans les tribulations présentes, mais si l’âme n’aspire pas au Seigneur, l’attente du Jour du Seigneur devient crainte et n’est plus l’espérance. L’espérance fortifie la patience, alimente l’attente ; elle a sa propre vie, sa concrète réalisation dans la prière continuelle. Si quelqu’un est dans la douleur, qu’il prie ; s’il est dans la joie, qu’il chante des psaumes.

          Toute la vie du chrétien est prière, chacun de ses actes doit se muer en prière de supplication et de louange. La vie de la communauté est, elle aussi, prière. La prière doit être instante, continuelle : nous ne devons jamais en être fatigués. Ce n’est pas l’égoïsme des passions qui l’inspire : de notre supplication, comme de la prière d’Elie, dépendent la sécheresse et la pluie, toute notre vie en dépendra. L’homme nouveau qu’est le chrétien aura la limpidité, la simplicité du petit enfant. Dans cette simplicité qui doit être la sienne, le chrétien se montre vraiment fils de Dieu, et c’est alors naturellement que sa vie est prière. La prière peut être l’imploration, elle peut être la louange : de toute façon, elle est toujours un intime rapport avec Dieu. Les mondains vivent dans la recherche de richesses vaines, dans l’injustice, dans la guerre, où leur égoïsme les lance l’un contre l’autre ; mais les frères, dans la pauvreté, l’humilité de leur vie, dans leur union de charité, ne vivent que l’intimité avec Dieu. Dieu seul est leur bien.

          Parce qu’elle est ordonnée au salut, la vie des frères est prière, qu’ils se trouvent dans la peine ou dans la joie. Le chrétien ne pourrait pas être patient dans l’épreuve, il ne pourrait pas vivre dans la joie de l’espérance sans la prière, laquelle devient ainsi le contenu positif de toute sa vie. C’est de la prière faite les uns pour les autres que l’auteur de cette lettre se promet la guérison de la maladie. La charité fraternelle semble donc avoir en cette prière son expression privilégiée. Le pouvoir des justes, c’est cela : il découle de l’efficacité de leur prière.