Marc 6, 30-34

En suivant le bon Pasteur

Origène

Commentaire sur le Cantique des cantiques, SC 375, II, 4, p. 331s

 

          Indique-moi, toi qu’a chéri mon âme, dit l’épouse du Cantique, où tu fais paître, où tu as la couche à midi, celle qui est couverte d’un voile parmi les troupeaux de tes compagnons. C’est à propos de ce lieu dont l’épouse désire entendre parler et être informé par l’époux, que le prophète, placé sous la garde du même berger, déclare : Le Seigneur me guide, le Seigneur me fait paître,rien ne me manquera.

          Il savait que les autres bergers, sous l’effet de la paresse ou de l’inexpérience, parquaient leurs troupeaux dans des lieux plus arides ; aussi dit-il du Seigneur, le parfait berger : Sur des près d’herbe fraîche il me fait reposer, vers les eaux du repos il me mène pour y refaire mon âme. Montrant ainsi que ce berger pourvoit ses brebis d’eaux, non seulement abondantes, mais encore saines et pures et qui les abreuvent entièrement.

          Mais parce qu’il s’est détourné de cet état où il vivait comme une brebis sous un berger, qu’il a fait des progrès vers les biens spirituels les plus élevés et parce qu’il a obtenu cela par la conversion, il ajoute : Il me guide par le juste chemin pour l’amour de son nom.

          Puisqu’il avait progressé de là au point d’avancer sur les sentiers de la justice, et que la justice a sans nul doute l’injustice comme adversaire, qu’il est nécessaire que celui qui marche par le sentier de la justice ait à combattre des adversaires, confiant dans la foi et dans l’espérance, il dit à leur propos : Si je marche au ravin des ténèbres, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi.

          Il dit ensuite, comme s’il témoignait sa reconnaissance à celui qui l’avait initié aux pratiques des bergers : Ton bâton, ta houlette, par lesquels je parais formé pour le travail de berger, sont là qui me consolent.

          Et alors, quand il se voit conduit des pâturages de berger aux nourritures spirituelles et aux secrets mystiques, il ajoute : Devant moi, tu apprêtes une table face à mes adversaires ; d’une onction tu me parfumes la tête, et ma coupe déborde. Oui, ta miséricorde  m’accompagnera tous les jours de ma vie pour que j’habite dans la maison du Seigneur en la longueur de mes jours.