Jean 20, 1 – 11-18

Le matin de la Résurrection

Père Paul-Marie de la croix

L’évangile de Jean et son témoignage spirituel, p. 523s

 

          Comme les synoptiques et saint Paul, le quatrième évangile fait à la Résurrection du Seigneur une place éminente. Mais fidèle à sa manière, Jean ne s’attarde pas à narrer ce que d’autres ont déjà rapporté. Avant de dégager les effets de la victoire du Christ sur la mort, et très particulièrement sur l’une de ses conséquences, son retour auprès du Père, Jean, tout en notant certains détails dont il fut témoin, rassemble d’autres témoignages. Ils ne corroborent pas seulement le sien, ils font également pendant à ceux qui, au début de son évangile, saluaient dans le Christ, le Messie, mais cette fois, ce sera pour affirmer sa divinité et son titre Fils de Dieu. Tels sont les témoignages de Pierre, de Marie-Madeleine, des apôtres et enfin de Thomas.

          Témoignages décisifs sur lesquels repose l’ordre nouveau au sein duquel l’humanité est appelée désormais à vire : Ordre de l’Eglise et des sacrements, ordre de la foi chrétienne, ordre de l’Esprit, enfin, puisque c’est dorénavant c’est sous son influence constante et directrice que les hommes auront, depuis le départ du Christ jusqu’à son retour et à la Parousie, à passer de ce monde à son Père.

          C’est Pierre et Jean qui, entendant affirmer par Marie-Madeleine revenue du tombeau hors d’haleine : On a enlevé le Seigneur, courent au tombeau. C’est la description de l’intérieur du tombeau : les bandelettes à terre, le suaire roulé, voilà bien ce que le témoin Jean a vu ; d’où les mots qui suivent : Il vit et il crut, où palpitent encore de l’émotion qui l’étreignit lorsque la foi soudain l’envahit. C’est le témoignage de Pierre, celui de Marie-Madeleine : Elle se tenait là près du tombeau et sanglotait. Et c’est alors l’admirable récit, tout pétri de tendresse et baignant dans une lumière virginale : Femme, pourquoi pleures-tu ?

          Aube d’un monde recréé dans la grâce et dans l’amour, premier matin d’une humanité nouvelle et qui se sait pardonnée. Dieu retrouve ses enfants et les appelle. Madeleine l’avait reconnu à sa voix, et l’amour lui avait ouvert les yeux. Tous ne se rendent qu’à l’évidence, même Thomas, l’incrédule ; tous donnent alors libre-cours à leur joie.