2 Samuel 7, 1-25

Le Docteur Séraphique

Jacques-Guy Bougerol

Saint Bonaventure, un maître de sagesse, p. 133s

 

          Près de cent ans après qu’il fut canonisé, un pape franciscain, Sixte V, le 14 mars 1587, déclara saint Bonaventure, docteur de l’Eglise : « L’estime des souverains pontifes et de tout le monde savant, pour la pureté de cette doctrine, les services que l’époux de Jésus-Christ en a retiré dans ses assemblées œcuméniques, et nommément dans celles de Lyon et de Florence ; les lumières, les instructions et les armes que les fidèles y puisent contre les fausses subtilités et les malignes interprétations des hérétiques ; les Saintes Ecritures exposées avec une clarté majestueuse par cet homme inspiré de Dieu, sont autant de voix qui ont prévenu la nôtre, et autant de titres sacrés qui l’appellent au glorieux rang des docteurs de l’Eglise. »

          Depuis,lors saint Bonaventure est appelé le Docteur Séraphique.

          Avons-nous besoin de retracer le portrait de ce franciscain qui voulut suivre fidèlement celui dont il tenait la vie du corps, et auquel il s’était voué, saint François d’Assise ? Homme d’une vertu virile, saint qui a vécu ce qu’il écrivit, un mystique au sens au sens où le mystique est celui qui vit en voyant sans cesse l’invisible et lui rapporte toutes ses pensées, ses lumières et ses ardeurs. Un théologien, certes, mais qui n’a jamais voulu étudier ni savoir que pour aimer davantage le Christ et le prêcher aux autres. Un frère, conscient de ses limites, mais décidé à porter courageusement la charge de ses frères, et, en les aimant plus que lui-même et plus que tout, susciter en eux plus de fidélité et d’amour.

          Un frère n’avait pu l’aborder au couvent de Foligno, à cause du trop grand nombre de religieux. Il l’attendit sur la route : « Père, dit-il, j’ai besoin de vous parler. » Bonaventure s’arrêta aussitôt, et tous deux s’assirent au bord du chemin. Après l’entretien, le ministre général rejoignit ses compagnons fort impatientés. « Pouvais-je faire autrement ? Ne suis-je pas son serviteur, et lui, n’est-il pas mon maître ?