2 Samuel 6, 1-23

David devant l’Arche

Saint Ambroise, Apologie de David, SC 239, p. 89 et 109

commentée par Martine Dulaey, CE S, n° 166, p, 52s

 

          C’est en figure du Seigneur que David a été choisi parmi ses frères, lui le plus jeune, et qu’il a reçu l’onction royale, qu’il a, à lui seul, par un combat singulier, délivré tout le peuple des dangers d’une terrible guerre, et triomphé de dix mille guerriers, en sorte que les jeunes filles chantaient en s’accompagnant sur le tambourin : Saül a triomphé de mille guerriers, mais David de dix mille. Ces jeunes filles préfigurent les âmes chantant un psaume au Christ ?

          Pour honorer le Seigneur son Dieu, le plus puissant des rois dansait devant l’arche du Seigneur, et, tancé par sa propre femme, parce qu’il s’était dévêtu en présence de jeunes filles, David lui répondit : Je me dévêtirai encore devant le Seigneur, et  je passerai à tes yeux pour un homme de rien, afin que soit glorifié, ajouta-t-il, le Seigneur qui m’a appelé au trône à la place de ton père.Il voulait nous apprendre ainsi qu’on ne doit pas avoir égard à la puissance royale lorsqu’il s’agit de rendre hommage à la religion. Car tout ce que l’on fait en faveur de la religion est honorable, même si cela est inconvenant pour le pouvoir suprême.

                    Il y a donc une danse spirituelle qui conduit l’âme à la contemplation des mystères divins ; telle fut celle de David quand il prononça ses psaumes prophétiques. Musique et danse évoquant du reste l’allégresse eschatologique en la présence de Dieu. Quand il commente l’Ecclésiaste, affirmant qu’il est un temps pour se frapper la poitrine et un temps pour danser, Grégoire de Nysse enseigne qu’en ce monde, ceux qui connaissent la peine préparent pour leur âme la danse harmonieuse de l’autre vie, la danse qui est l’expression de l’intensité de la joie.Influencé par Grégoire, Jérôme dit, en commentant le même verset : Il faut pleurer dans le temps présent pour pouvoir ensuite danser cette danse que dansa David devant l’arche d’alliance.

          Chez les Pères grecs, le rapprochement de cette danse de David se fait plutôt avec la Visitation : David qui danse devant l’arche, lieu de la présence divine dans l’Ancien Testament, devient la figure de Jean-Baptiste bondissant dans le sein d’Elisabeth, sa mère, quand paraît devant elle l’arche vivante qu’est Marie porteuse de l’enfant Jésus. Ainsi s’exprime Epiphane de Salamine : L’enfant chanta avec joie dans le sein face à l’arche vivante qui le transportait et avait le Verbe vivant, le Christ.