1 Chroniques 22, 5-19

Salomon le Pacifique a bâti le sanctuaire du Seigneur

Saint Augustin

Cité de Dieu, Livre 17, chapitre 8…13, p. 403s

 

          Salomon construisit le Temple et vécut en paix selon la signification de son nom : Salomon veut dire en effet Pacifique. Au début de son règne, il fut digne des plus grands éloges. Telle une ombre de l’avenir, il annonçait en sa propre personne le Christ notre Seigneur, mais il  n’était pas le Messie. Ainsi certaines prédictions de la Sainte Ecriture qui semblent concerner Salomon sont, en fait, comme des prophéties en actes qui dessinent la figure des événements futurs.

          Bien longtemps après la mort de David, c’est le Christ Jésus, en effet, qui devait venir selon la promesse pour bâtir à Dieu une maison, non de bois et de pierre, mais construite avec des hommes ; et cette construction fait notre joie. C’est à cette maison, c’est-à-dire aux fidèles du Christ, que s’adresse l’apôtre quand il dit : Le Temple de Dieu est saint, et ce Temple, c’est vous. Dans cette maison le peuple habitera pour toujours avec son Dieu et en son Dieu, et Dieu habitera avec son peuple et en son peuple. Dieu remplira son peuple et son peuple sera plein de son Dieu, puisque Dieu sera tout en tous. Cette maison, nous la bâtissons nous-mêmes en vivant bien, et Dieu la bâtit aussi en nous aidant à bien vivre. Car, si Dieu ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain.

          Peut-on croire que la paix du règne de Salomon réalise les promesses faites à David ? Certes, l’Ecriture vante cette paix en des termes merveilleux,mais comme une ombre de l’avenir. Gardons-nous de croire que c’est l’époque de Salomon qui était annoncée dans la prophétie, et moins encore celle de tout autre roi, car aucun d’eux n’eût un règne aussi paisible que le sien. Jamais non plus le peuple juif ne vécut sous la royauté sans la crainte de tomber sous le joug des ennemis ; d’ailleurs l’instabilité des choses humaines n’a jamais accordé à aucun peuple une sécurité qui le mît à l’abri d’une invasion funeste pour sa vie. Ce lieu qui nous est promis, ce séjour si sûr et si paisible est éternel ; il est réservé à ceux qui vivent éternellement au sein de leur mère, la libre Jérusalem, où se trouvera le véritable peuple d’Israël. Dans le désir de cette récompense, il nous faut, par la foi, mener une vie de sainteté en ce laborieux pèlerinage.