2 Samuel 12, 1-25

Le péché de David et le péché de Saül

Saint Pierre Damien

De la parfaite formation monastique, chap. 5-6

 

          Quand David fut repris pour avoir fait le mal, aussitôt qu’eut jailli son aveu : J’ai péché contre le Seigneur, il entendit le prophète lui dire : Le Seigneur a pardonné ton péché, tu ne mourras pas.

          Et puisque l’occasion de t’avertir se présente, je ne voudrais pas que tu puisses être induit en erreur par le fait que certains, entrés jeunes en religion, se sont perdus par un seul acte de désobéissance orgueilleuse, alors que nombreux sont, dans le monde, ceux qui, après s’être souillés dans des crimes monstrueux, ont obtenu leur pardon par leur empressement à s’humilier. En effet, voici David : il a commis adultère et homicide, alors que Saül, lui, s’est  montré désobéissant à Samuel. Or, que voyons-nous ? Le premier, sans que personne n’intercède pour lui, mérita sur-le-champ son pardon, tandis que l’autre n’a pas pu être réconcilié, ni par sa propre confession, ni par la triste, amère et longue supplication du prophète.

          Pourquoi donc la pénitence de l’un a-t-elle été accueillie avec bienveillance, tandis que celle de l’autre était rejetée par un jugement d’une rigoureuse sévérité ? Pourquoi ? Parce que Saül, par orgueil d’esprit, estima peu de chose son acte de désobéissance et ne se repentit pas vraiment du fond du cœur ; David, au contraire, s’il extériorisa peu ses sentiments, fut transpercé profondément par le glaive de la crainte de Dieu qui le remplit de l’amertume d’une douleur véritable.

          Ces attitudes opposées, je vous en prie, qu’ils les méditent sans négligence, ceux qui, tout en se livrant à la désobéissance, se glorifient effrontément de l’impunité de leurs crimes les plus graves. Nous avons vu souvent certains d’entre eux fréquenter le tribunal de la pénitence, se prosterner à terre dévotement, et, en termes percutants et recherchés, s’accuser avec plus de verve que d’humilité. De plus, leur conduite n’en vient jamais aux fruits d’un amendement honorable, parce que, sans aucun doute, s’ils se repentent des lèvres avec Saül, leur cœur reste enflé d’orgueil !