1 Rois 8, 1-21

« Dieu, viens à mon aide ! »

Saint Jean Cassien

Conférences, SC 54, tome II, Conférence 10 sur la prière, p. 85s

 

          Dieu, viens à mon aide !, voilà bien une formule de prière qui peut nous maintenir toujours éveillés. Tout moine qui vise au souvenir de Dieu doit s’accoutumer à la méditer sans cesse, et pour cela, chasser toutes autres pensées, car il ne pourra la retenir que s’il s’affranchit entièrement des soucis corporels et des sollicitudes matérielles. C’est là un secret que nous ont transmis les premiers Pères, secret que nous ne pouvons communiquer qu’à ceux qui désirent vraiment en faire l’expérience.

          Si vous voulez vous tenir éveillés, répétez sans cesse : Dieu, viens à mon aide ! Hâte-Toi de me secourir ! Ce court verset, tiré du psaume 69, exprime tous les sentiments dont la nature humaine est susceptible ; il s’adapte à toutes nos situations, il correspond à toute sorte de tentations où nous pouvons être affrontées.

          On y trouve l’appel à Dieu contre tous les dangers, une pieuse et humble confession, la vigilance d’une âme toujours en éveil et pénétrée d’une crainte continuelle, la considération de notre fragilité. Il dit aussi la confiance d’être exaucée et l’assurance du secours toujours et partout présent, car celui qui ne cesse d’invoquer son protecteur est bien certain de l’avoir près de soi. C’est la voix de l’amour et de la charité ardente ; c’est le cri de l’âme qui a l’œil ouvert sur les pièges à elle tendus, qui tremble en face de ses ennemis, et, se voyant assiégé par eux jour et nuit, confesse qu’elle ne saurait échapper, si son défenseur ne la secourt.

          Quant à moi, je suis en butte à une foule de distractions de toute espèce ; je ne suis jamais parfaitement stable, et je ne puis guère rassembler toutes mes pensées. Il m’est impossible de prier sans subir l’assaut de vaines imaginations ou du souvenir de ce que j’ai fait ou de ce que j’ai dit. Et mon cœur est pareil à un désert aride, incapable de produire le moindre mouvement de véritable amour. Si je veux être délivré de cette épreuve intérieure, au lieu de me plaindre et de gémir en pure perte, je dois pousser inlassablement  ce cri : Dieu, viens à mon aide ! Seigneur, hâte-toi de me secourir.