Isaïe 3, 1-15

Contre ceux qui dévastent la vigne du Seigneur

Saint Cyrille d’Alexandrie

Sur Isaïe, Livre 1, Discours 3

         

          Le Seigneur se dresse pour juger les anciens et les princes : De quel droit écrasez-vous mon peuple ? Le prophète l’assure : la multitude des opprimés ne sera pas laissée sans secours, elle ne sera pas abandonnée sans qu’on prenne soin d’elle ; bien mieux,le prophète affirme fortement : le Dieu de l’univers combattra pour eux vigoureusement. Oui, il prononcera le jugement en leur faveur. Il prononcera le jugement contre les anciens du peuple, contre les notables et contre les princes.

           Déjà, dans le passé, il racheta son peuple de la maison de servitude, il le délivrera de la cruauté de ses oppresseurs en soulevant contre eux toute la création : il changea l’eau en sang, frappa durement par des grêlons, des ténèbres profondes qui durèrent trois jours et par bien d’autres maux. Il serait trop long de tout raconter en détail. Ensuite, après leur avoir fait traverser la mer, il les nourrit dans le désert. Il les fit pénétrer dans la Terre de la promesse, en chassant des nations puissantes, exercées à la guerre, telles des épines. C’est ce que nous fait connaître le saint roi David, lorsqu’il s’adresse ainsi au Sauveur et Rédempteur de l’univers : La vigne que tu as arrachée de l’Egypte, tu as chassé des nations pour la replanter, tu as tracé une route devant elle : tu as étendu ses sarments jusqu’à la mer, jusqu’aux fleuves ses rejets.

            Mais ils placèrent comme vignerons ceux qui s’étaient emparés du pouvoir. Ils traitèrent la vigne de leur Maître avec tant d’injustice qu’elle en paraissait entièrement brûlée. Voilà pourquoi le Seigneur jugera lui-même en disant : Pourquoi avez-vous incendié ma vigne ? Il aurait été juste de faire parvenir à maturité, remplie de vigoureux sarments, cette vigne spirituelle, c’est-à-dire Israël ; eux, ils l’ont entièrement réduite en désert, ils l’ont desséchée, la rendant inutile pour leur Maître. La vigne a donc été incendiée par ceux qui auraient dû lui faire produire de belles grappes.

           Eux qui avaient la charge d’enseigner et connaissaient la Loi qui montre tout ce qui plaît à Dieu, ils devaient donc plus que d’autres vivre en accord avec cette Loi, être ornés par la gloire de la justice. Ainsi leur conduite exemplaire aurait été, pour le peuple qui leur était soumis, comme un modèle, une image d’une vie supérieure. En outre, ils devaient, en les formant d’après la Loi, ramener leurs subordonnés à tout ce qui est bien, réprimander les délinquants, redresser ceux qui étaient tombés, montrer le chemin de la piété, inciter au plus parfait et tourner tous les regards vers la fin de la Loi, je veux dire le Christ, car la fin de la Loi et des prophètes, c’est le Christ.