Marc 9, 38…48

« Qui n’est pas contre nous est pour nous »

Père Simon Légasse

L’évangile de Marc, tome II, p. 573s

 

           Un disciple intervient et demande à Jésus : Maître, nous avons vu quelqu’un qui chassait les démons et ton nom, nous avons cherché à l’en empêcher. Ce disciple est appelé par son nom, c’est Jean. Dans l’évangile de Marc, le cas est unique qui met en scène l’un des Douze autre que Pierre pour servir de porte-parole au groupe. Ce n’est pas là pur hasard !

           Manifestement, c’est plus qu’une information quand il rapporte à Jésus ce qui vient d’être constaté : quelqu’un pratique des exorcismes au nom de Jésus, il se sert donc du nom de Jésus, prononcé, pour chasser les démons ; ce que Jésus ne fait jamais, opérant toujours de sa propre autorité, d’autres le font en utilisant son nom.

         Un cas est présenté aux disciples auquel ils se sont efforcés de mettre un terme. La raison, dit Jean, est que l’exorciste ne nous suivait pas. Exemple unique dans les évangiles où il n’est jamais question de suivre les disciples, mais seulement Jésus ; les écrits du Nouveau Testament ignore l’expression ou toute autre du même genre qui ferait des chrétiens l’objet du verbe suivre et de l’adhésion religieuse qu’il implique.   

            La réponse de Jésus est en trois temps. D’abord, c’est une opposition nette au comportement des disciples : Ne l’empêchez pas répond à nous avons voulu l’empêcher et le conteste. Cette première raison est suivie d’une autre qui n’est pas la justification de la première : comme celle-ci, elle appuie la défense du début, ne l’empêchez pas, par une sentence de type proverbial, celui qui n’est pas contre nous est pour nous, où l’on revient à la visée collective, nous avons cherché à l’en empêcher, qu’avait abandonnée l’argument donné par Jésus, ne l’empêchez pas, car il n’y a personne qui fasse un miracle en mon nom et puisse aussitôt après mal parler de moi. Par cette addition, qui rejoint de la sorte le début de la péricope, l’accent communautaire l’emporte sur le christologique, et c’est à la communauté que la leçon s’adresse : leçon de tolérance et d’espoir à l’intention de marginaux qui se réclament de Jésus et que, pour cette raison, on croit pouvoir assurer de sa protection.