Jérémie 4, 5-8 + 13-28

La cause de nos malheurs, ce sont nos fautes

Saint Jérôme

Commentaire du prophète Jérémie, Livre 1, chapitre 4

 

Le prophète voit déjà présents les événements futurs. Il décrit l’arrivée des envahisseurs babyloniens et compare le fracas des roues de leurs chars à un ouragan furieux : il rapproche la rapidité de leurs chevaux de celle des aigles. Devant cet oracle où le prophète semble montrer du doigt l’assaut des ennemis, le peuple gémit. Expérimentant la catastrophe non comme un malheur à venir, mais comme une réalité déjà accomplie, il s’écrit : Malheur à  nous, nous sommes perdus !

Or, la cause de l’invasion, ce ne sont pas les forces de l’ennemi, mais les fautes de Jérusalem : elles ont provoqué la colère de Dieu. Le prophète s’adresse alors à la ville ; il lui déclare que ce sont sa conduite et ses pensées qui l’ont entraînée à pécher en actes et en paroles. Elle a ainsi  attiré sur elle tous ces malheurs : sa perversité, comme elle est amère ! Elle lui perce le cœur, elle pénètre jusqu’à ses entrailles. Oui, tout le mal qui  nous arrive, nous arrive par notre propre faute :  c’est nous qui changeons le Seigneur en amertume, et forçons à sévir celui qui ne le voudrait pas.

Ainsi, la cause du désastre et de la dévastation, de la fuite et de l’appel du cor, c’est la stupidité du peuple, stupidité non pas naturelle, mais provoquée par sa volonté mauvaise. Cette stupidité, voici comment elle se manifeste : ils ne me connaissent pas ; au lieu d’être des fils pleins de sagesse, ils sont devenus des fils sans intelligence et sans cœur. Quelle plus grande stupidité pourrait-il y avoir pour Israël que de ne pas reconnaître le Seigneur et de mépriser, lorsqu’il est là, celui qu’il désirait voir depuis toujours ? Le bœuf, au contraire, reconnaît son bouvier et l’âne la crèche de son maître. C’est ce qui est dit ici : Ils sont sages pour faire le mal, ils ne savent pas faire le bien.

Cette sagesse n’est en réalité que de la perversité ; la vraie sagesse, au contraire, est toujours unie à la crainte de Dieu.