Jérémie 1, 1-19

Repentir du pécheur et repentir de Dieu

Origène

Homélie I sur Jérémie, 1-4, SC 232, p. 197s

 

Dieu est prompt à faire du bien, mais il est lent à châtier ceux qui méritent un châtiment. Et alors qu’il pourrait, sans rien dire, sans prévenir, infliger un châtiment à ceux qu’il condamne, il n’en fait rien. Au contraire, lors même qu’il condamne, il parle ; et le fait de parler est un moyen pour lui de détourner de la condamnation celui qui devait être condamné. On pourrait recueillir beaucoup d’exemples de cette attitude dans les Ecritures ; mais quelques-uns suffisent pour que nous arrivions à saisir l’intention du passage que nous venons d’entendre.

Les Ninivites étaient devenus pécheurs et ils furent condamnés par Dieu : Encore trois jours et Ninive allait être détruite. Dieu n’a pas voulu condamner la ville sans rien dire ; en lui envoyant le prophète Jonas, il lui donna l’occasion de se repentir et de se convertir. Ainsi, quand le prophète aurait dit aux habitants : Encore trois jours et Ninive sera détruite, les condamnés ne seraient plus condamnés, mais repentis, ils obtiendraient la miséricorde divine.

De même les habitants de Sodome et de Gomorrhe allaient être condamnés comme cela ressort des paroles de Dieu à Abraham. Mais là encore, les anges sont intervenus d’une manière analogue, en voulant sauver des gens qui, eux, ne voulaient pas être sauvés. Ils accomplissaient envers les hommes l’œuvre de bonté et de tendresse de celui qui les avait envoyés. Vous trouverez encore la même disposition divine chez le prophète Jérémie. Dieu avait condamné Jérusalem à cause de ses péchés et avait décidé de livrer ses habitants à la captivité. Là aussi, le moment venu, le Dieu ami des hommes envoie le prophète Jérémie avant la captivité pour que ceux qui le voudraient puissent réfléchir et se repentir afin de supprimer le malheur de l’exil.

Il se passe quelque chose de semblable pour nous aussi. Si nous péchons, nous devons à notre tour devenir captifs ; de même que les habitants de Jérusalem furent livrés à Nabucodonosor à cause de leurs péchés, de même nous aussi sommes livrés, à cause de nos péchés, à Satan, ce Nabucodonosor spirituel. Devant cette menace, les paroles des prophètes, les paroles de la Loi, les paroles des Apôtres, les paroles de notre Seigneur Jésus-Christ nous parlent de conversion, nous appellent au repentir. Si nous les écoutons, mettons notre foi en ce Dieu qui a dit : Je me repentirai de tout le mal que j’avais parlé de leur faire.