2 Chroniques 35,20 – 36,12

Lutte entre Dieu et le diable au sujet de la lignée de David

Rupert de Deutz

La Victoire du Verbe de Dieu, Livre VI, chapitre 3

 

Des deux côtés, il y eut émulation dans le zèle, mais d’un côté ce fut un bon zèle, de l’autre un zèle mauvais. Le bon zèle est celui du Seigneur Sabaoth ; le mauvais, celui du diable, le dragon antique, le chef des puissances ennemies. Dans chaque camp brûle un zèle ardent envers le genre humain, et tout spécialement envers la tribu de Juda et la maison de David. Mais, dans un camp, c’est en vue du bien, dans l’autre en vue du mal.

On peut essayer de décrire ces deux zèles. Le bon zèle aime les hommes tout en haïssant leurs vices ; le mauvais zèle hait les hommes tout en aimant leurs vices. L’ardeur du bon zèle, qui hait les vices des hommes, se manifeste par exemple dans le livre des Rois, au sujet de Josias. L’Ecriture commence par dire : Avant Josias, il n’y eut aucun roi semblable à lui pour revenir au Seigneur de tout son cœur, et, après lui, il ne s’en éleva point qui lui fut comparable. Pourtant, ajoute le texte, le Seigneur ne revint pas de sa grande colère, qui s’était enflammée contre Juda, à cause de la profonde irritation que lui avait causée Manassé. Et il déclara : J’écarterai aussi Juda de devant moi, comme j’ai écarté Israël.

Mais l’ardeur du bon zèle divin s’exerça aussi en amour pour les hommes. Le prophète Jérémie en témoigne à la même époque : Comme vous ne pouvez pas briser mon alliance avec le jour et avec la nuit, de sorte que le jour et la nuit n’arrivent plus au temps fixé, de même vous ne pouvez pas non plus briser mon alliance avec mon serviteur David, et faire qu’il n’ait plus de fils pour régner dans sa maison.

Le diable, au contraire, dans son zèle mauvais, avait machiné l’extinction de la maison de David : il voulait que celui-ci n’ait plus de fils régnant sur son trône. Et tous les partisans du diable, c’est-à-dire tous les impies, crurent bien que cela s’était réalisé lorsque Juda fut exilé loin de sa terre, comme Israël l’avait été. Pourtant, la captivité de Juda n’eut pas le même dénouement que celle d’Israël, car l’oracle d’Osée devait trouver son accomplissement : Désormais je n’aurai plus pitié de la maison d’Israël, mais j’aurai pitié de la maison de Juda. Le fils de David qui devait régner sur le trône de son père, s’est, manifestement, le Christ. A son sujet, l’ange dit à Marie : Le Seigneur lui donnera le trône de David son père.