Sophonie 1, 1-7+14-20, 2-3

Saint-Savin en Lavedan

Abbé Jean Rivière

Saint-Savin en Lavedan, brochure éditée par les Amis de Saint-Savin, p.3s

 

A l ‘époque gallo-romaine s’élevait, dit-on, sur l’emplacement du bourg de Saint-Savin, la Villa Bencer, et sur l’emplacement de l’abbaye, le Palatium Aemilianum. D’après une tradition vénérable, le premier monastère, fondé à une époque inconnue, aurait été détruit, ainsi que le premier bourg, vers l’an 732 par les Arabes. Le deuxième construit sous Charlemagne aurait été détruit vers l’an 842. Le troisième édifié et richement doté en 945 par les Comtes de Bigorre a duré jusqu’à la Révolution. Au XVII° siècle, probablement, alors que dans toute la chrétienté se développait le culte des reliques, les bénédictins réédifièrent leur chapelle pour donner un reliquaire magnifique au tombeau de Saint-Savin et recevoir les pèlerinages, tombeau qui demeura longtemps le foyer religieux du Lavedan. En 1791, l’abbatiale fut donnée à la paroisse, tandis que le monastère, d’abord hôpital militaire, était bientôt vendu comme bien national et devenait propriété privée. Vers le milieu du XIX° siècle, les Evêques de Tarbes rachetèrent ce qui restait des bâtiments, redevenus propriété de l’Etat, et les confièrent aux Sœurs de la Sagesse. La Loi de Séparation a dépossédé l’Evêché de ce local ; il fut occupé, un temps, par l’école publique. Seules la sacristie des moines, la salle du chapitre et la partie de la terrasse attenante sont demeurées rattachées à l’abbatiale.

Qui était saint Savin ? D’après l’étude du Père Bernard Billet, moine de Tournay, un ermite-prêtre du VI° siècle. Né à Barcelone, il fut élevé à Poitiers par son oncle le comte de Poitiers, puis devint moine à Saint-Martin de Ligugé. Ne trouvant pas la vie cénobitique de Ligugé assez rude, il demanda, et obtint au bout de trois ans, l’autorisation de se retirer dans les Pyrénées. L’évêque de Tarbes l’envoya auprès de Forminius, abbé de notre monastère du Lavedan. L’abbé le conduisit à Pouey-Aspé, à un heure et demi de marche de l’abbaye. Là, sur le haut d’un escarpement abrupt qu’habite actuellement une chapelle, il se creusa dans le rocher une fosse profonde qui lui servait de lit ; sur cette fosse, il éleva une cabane de 2 mètres de long, autant de large et de 1,5 mètre de haut. Pieds nus, vêtu d’une simple tunique, il y vécut durant 13 années, partageant son temps dans la plus rude pénitence, entre le travail intellectuel et la prière. Il mourut, croit-on, vers l’âge de 44 ans et fut enseveli dans le monastère. Deux autres ermites avaient déjà sanctifié ce pays : saint Orens, que les Auscitains vinrent arracher aux gorges de l’Isaby, au-dessus de Villelongue, pour en faire leur archevêque, et saint Justith, évêque de Tarbes, qui mourut dans son ermitage au-dessus de village de Sers, près de Barèges.