Ezéchiel 36, 16-34

Psalmodie

Dom Jean-Pierre Longeat

La musique, j’y crois, p. 109s

 

La prière vocale s’exprime de différentes manières. La première concerne la psalmodie. L’expérience que les moines font de ce genre de prière est particulièrement marquante. C’est en quelque sorte leur premier mode de langage. Ils passent beaucoup de temps à chanter ce genre de prière et en ressentent des effets particuliers. C’est aussi souvent le cas des hôtes de passage qui n’hésitent pas à se rendre aux Offices, en soirée, durant la nuit, ou tôt le matin, à partager ces  moments un peu austères où les psaumes sont peuplés des cris et des jubilations des chants tirés de la Bible.

 

Les psaumes ont toujours été la matière principale de la prière juive et chrétienne. Ils font entendre le cri de l’humanité, qu’il soit de supplication ou de louange. Ils exaltent la justesse comme voie spirituelle. Le chant des psaumes, quelle que soit sa forme, ouvre le cœur à une autre réalité que celle du priant lui-même. Pour pouvoir être touché en profondeur par les psaumes, il est nécessaire de passer du temps à les chanter. Les musiciens qui interprètent des répertoires de musique sacrée font rarement l’expérience de l’incantation psalmique dans la durée ; c’est une lacune, car cette expérience musicale est du plus grand intérêt. Il ne faudrait pas que les chrétiens eux-mêmes cèdent à la tentation d’en réduire la pratique. Il est vrai que ces textes ne correspondent guère à ceux qui nous viendraient spontanément sous la plume : ils sont parfois rugueux, et cependant combien est forte la manière dont ils nous poussent à dépasser nos limites. Ils ne sont pas à prendre à la lettre : ils concernent le combat intérieur qui se livre en chacun de nous. Le priant s’en remet à Dieu qui seul peut rétablir en nous la libre circulation de l’amour.