Ezéchiel 40,1-4 + 43,1-12

La venue de Dieu

Père Jean Steinmann

Le prophète Ezéchiel et les débuts de l’exil, p. 215s

 

Cette vision se rattache beaucoup plus directement à celle du départ de Dieu, narrée aux chapitres 10 et 11, qu’à celle de l’architecture du nouveau Temple. Par la porte orientale d’où elle avait quitté le sanctuaire souillé et promis à l’incendie, la Gloire divine rentre dans le sanctuaire reconstruit pour être digne d’elle.

Naturellement, le prophète se prosterne, n’osant contempler cette Gloire divine et inaccessible. Pour qu’il puisse juger du caractère de la nouvelle installation divine, l’Esprit le transporte, car tout se passe en vision, dans le parvis intérieur. Une voix s’élève du Temple, tandis que l’Ange se tient près d’Ezéchiel. La proclamation royale, entendue par le prophète, fait directement écho à l’oracle proféré par Salomon lors de la Dédicace du premier Temple. Elle prouve qu’Ezéchiel n’a pu se rallier à l’idée d’une présence purement spirituelle de Dieu. Il faut à celui-ci un trône, un piédestal, une résidence au milieu des fils d’Israël. Dieu réside au ciel, mais il a besoin d’un palais terrestre, ou, mieux, ce sont les hommes qui doivent le lui donner pour y recevoir ses communications.

Sous l’inspiration, Ezéchiel se conduit en restaurateur de toute la vie religieuse et culturelle de son peuple. La destruction du Temple de Salomon n’avait été si grave pour Israël que parce qu’elle s’était produite après la réforme du Deutéronome. Cette réforme avait transformé le Temple, jadis simple chapelle du Palais royal, en unique lieu de culte de Juda. Ce monopole, qui avait si rapidement fait la grandeur du Temple, risquait, après la disparition de celui-ci, de porter un coup mortel à la réforme. Prêcher la résurrection de celui-ci, c’était annoncer la reconstruction de celui-là. Sa foi lui montre le nouveau temple déjà construit dans la pensée divine. Les hommes, il le sait, ne seront pour rien dans cette réédification, œuvre providentielle. Il considère cet avenir comme déjà réalisé.

Mais toute Dédicace s’accompagne d’un pacte d’alliance. Les lois sont aussi importantes que les murailles. La cité repose sur le droit autant que sur ses fondations de pierre. Et toute théophanie suppose un oracle. Visionnaire du Temple encore inexistant, dont l’architecte est Dieu, Ezéchiel, bénéficiaire d’une révélation divine, va promulguer la nouvelle Thorâ du nouveau sanctuaire.