Luc 2, 41-52

La divinité de Jésus

Origène

Homélie sur saint Luc, Homélie 18, SC 87, p. 273s

 

Puisque certains, qui ont l’air de croire à la Sainte Ecriture, nient la divinité du Sauveur eu égard, disent-ils, à la gloire du Dieu tout-puissant, il me semble juste de leur apprendre, en m’appuyant sur l’autorité de l’Ecriture elle-même, que quelque chose de divin est venu dans un corps humain ; et non seulement dans un corps humain, mais aussi dans une âme humaine. Du reste, à considérer avec soin le sens de l’Ecriture, nous voyons que cette âme eut quelque chose de plus que les autres, car toute âme humaine, avant de parvenir à la vertu, est recouverte des souillures du vice. Or, l’âme de Jésus n’a jamais été souillée par la tache du péché. La preuve en est qu’avant même qu’il eût atteint sa douzième année, le Saint-Esprit écrit à son sujet dans l’évangile de Luc : L’enfant grandissait, se fortifiait et était rempli de sagesse. Il n’appartient pas à la nature de l’homme d’être rempli de sagesse avant l’âge de douze ans. Autre chose est d’avoir part à la sagesse, autre chose de la posséder en plénitude. Il n’y a aucun doute que, dans la chair de Jésus, est apparu un élément divin qui surpassait, non seulement l’homme, mais aussi toute créature raisonnable.

Il croissait, dit l’Evangile. Il s’était humilié, en effet, en prenant la forme d’esclave, et la même puissance qu’il avait employé à s’humilier, il l’employa à grandir. Il était apparu faible, parce qu’il avait pris un corps faible, et, pour cela même, il recouvrait la force. Le Fils de Dieu s’était anéanti, et, pour cette raison, il était à nouveau rempli de sagesse. Et la grâce de Dieu était sur lui. Ce n’est pas quand il parvint à l’adolescence, ni quand il enseignait en public, mais quand il était encore enfant qu’il possédait la grâce de Dieu : et comme tout en lui avait été admirable, aussi admirable fut son enfance au point de posséder en plénitude la sagesse de Dieu. Quand à Jésus, il croissait en sagesse, en taille et en grâce devant  Dieu et devant les hommes.