Genèse 9, 1-17

L’arc, signe de l’Alliance

Cardinal Jean Daniélou

Les saints païens de l’Ancien Testament, p. 422

 

Noé nous est apparu comme le type de l’homme sauvé. Mais là ne s’arrête pas sa signification. Avec lui, un problème nouveau est posé, le problème de l’Alliance. C’est en effet avec Noé qu’apparaît pour la première fois dans l’Ecriture la notion capitale d’alliance. L’alliance est un des caractères essentiels, le plus caractéristique peut-être, du Dieu de la Bible. Elle signifie que Dieu communique aux hommes certains biens, et ceci en vertu d’une disposition irrévocable. Elle fait ainsi que l’homme peut compter sur ces biens, non en vertu d’un droit qu’il aurait sur eux, mais à cause de la fidélité de Dieu à sa parole.

L’alliance faite avec Noé correspond à la religion cosmique et porte essentiellement sur la fidélité de Dieu dans l’ordre du monde. Ceci est exprimé à plusieurs reprises dans la Genèse. Il s’agit d’abord d’une alliance, non avec un peuple particulier, mais avec l’humanité entière et même avec tout le cosmos.

Par cette alliance, Dieu s’engage à ne pas détruire la vie sur la terre, quels que soient les péchés des hommes : Aucune chair ne sera plus détruite par les eaux du Déluge. La fidélité de Dieu s’exprimera en particulier par la régularité des lois du cosmos, des cycles saisonniers : Désormais, tant que la terre durera, les semailles et les moissons, le froid et le chaud, l’été et l’hiver, le jour et la nuit ne cesseront point. Ce texte est capital ; il justifie le droit de voir dans les cycles saisonniers la révélation de la fidélité du Dieu vivant. Or cette révélation, dira saint Paul, est donnée à toutes les nations auprès de qui Dieu ne s’est pas laissé sans témoin, leur donnant les pluies et les saisons fécondes. C’est cette révélation qui constitue le fond authentique des religions païennes, pour lesquelles les cycles saisonniers sont le fondement du culte.