Luc 4, 14-22a

La Bonne Nouvelle

Origène

Homélie 32 sur saint Luc, 4-5, SC 87, p. 389s

 

Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, dit Jésus dans la synagogue de Nazareth. Les pauvres désignent les Gentils. De fait, ils étaient pauvres, ceux qui ne possédaient absolument rien, ni Dieu, ni Loi, ni Prophètes, ni justice, ni aucune autre vertu. C’est pour ce motif que Dieu a envoyé son Fils, Jésus, comme messager, pour annoncer aux captifs la délivrance.

Captifs, nous l’avons été, nous que, depuis tant d’années, Satan tenait enchaînés, prisonniers et assujettis à son pouvoir. Jésus est venu annoncer la délivrance aux captifs et aux aveugles le retour à la vue. Sa parole et la prédication de sa doctrine rendent la vue aux aveugles. Il faut donc comprendre que cette prédication a une portée générale et s’adresse non seulement aux captifs, mais encore aux aveugles.

Rendre la liberté aux opprimés. Y a-t-il eu un être plus opprimé, plus meurtri que l’homme, avant qu’il ne soit libéré et guéri par Jésus ? Proclamer une année de grâces du Seigneur. Selon l’interprétation littérale pure et simple, on dit que le Sauveur a prêché l’Evangile en Judée pendant un an, et que c’est le sens de l’expression : Proclamer une année de grâces du Seigneur et le jour de la rétribution. Mais peut-être en disant : Proclamer une année du Seigneur, la parole de Dieu veut-elle signifier un mystère. Les jours futurs seront différents, en rien comparables à ceux que nous voyons aujourd’hui en ce monde. Si donc tous les temps sont différents, il en va de même, dans l’avenir, de l’année du Seigneur porteuse de grâces. Toutes ces réalités ont été annoncées, afin qu’après être passés de l’aveuglement à la vision et de l’esclave à la liberté, nous parvenions à l’année de grâces du Seigneur.

Après avoir lu ces paroles et roulé le livre, Jésus le rendit au servant et s’assit ; et tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Frères, dès lors que vous dirigez le regard le plus profond de votre cœur vers la contemplation de la Sagesse, de la Vérité et du Fils unique de Dieu, vous avez les yeux fixés sur Jésus. Que je voudrais que notre assemblée puisse recevoir un témoignage semblable, que tous y aient les yeux, non pas ceux du corps, mais ceux de l’âme, occupés à regarder Jésus. Sa lumière et sa contemplation rendront nos visages plus lumineux et nous pourrons dire : Elle a laissé sur nous son empreinte, la lumière de ta face, ô Seigneur.