Genèse 12, 1-9

« Abraham a vu mon jour… »

Saint Irénée de Lyon

Contre les Hérésies, IV, 5, 3-5, p. 417s

 

Abraham a vu mon jour… c’est précisément ce que notre Seigneur enseignait lorsqu’il disait aux Juifs : Abraham, votre père, a exulté à la pensée de voir mon jour ; il l’a vu, et il s’est réjoui. Qu’est-ce à dire ? Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice. Il crut, en premier lieu, que c’était lui l’Auteur du ciel et de la terre, le seul Dieu ; ensuite, qu’il rendrait sa postérité pareille aux étoiles du ciel. C’est le mot même de Paul : Comme des luminaires dans le monde.

C’est donc à juste titre que, laissant là toute sa parenté terrestre, il suivait le Verbe de Dieu, se faisant étranger avec le Verbe afin de devenir concitoyen du Verbe. C’est à juste titre aussi que les apôtres, ces descendants d’Abraham, laissant là leur barque et leur père, suivaient le Verbe. C’est à juste titre enfin que nous, qui avons la même foi qu’Abraham, prenant notre croix comme Isaac prit le bois, nous suivons ce même Verbe. Car, en Abraham, l’homme avait appris par avance et s’était accoutumé à suivre le Verbe de Dieu : Abraham suivit en effet dans sa foi le commandement du Verbe de Dieu, cédant avec empressement son fils unique et bien-aimé en sacrifice à Dieu, afin que Dieu aussi consentît, en faveur de toute sa postérité, à livrer son Fils bien-aimé et unique en sacrifice pour notre rédemption.