Genèse 14, 1-24

L’offrande de Melkidések a inauguré le sacrifice du Christ

Saint Jérôme

Lettres, tome IV, Lettre 73, 2-4, Au prêtre Evangélus, p. 19s

 

Dans l’Ecriture, Melkisédek est présenté comme le prêtre du Dieu Très-Haut ; et pourtant il n’a pas reçu la circoncision, il n’a pas été consacré par les rites de la Loi, il n’appartient pas à la race d’Aaron. Presque tous les Saints, les Patriarches et les Prophètes de l’Ancien Testament ont préfiguré quelques traits de la personne du Sauveur. Melkidések, lui aussi, bien que n’étant pas juif de race, mais cananéen, est une figure du Christ ; il anticipa, par son sacerdoce, celui du Fils de Dieu, comme le dit le psaume 109 : Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melkisédek.

Cet ordre de Melkisédek a été interprété de façon très diverses : d’abord, seul, Melkisédek fut à la fois roi et prêtre. C’est avant l’établissement de la circoncision qu’il exerça son ministère : il montrait par là que ce n’est pas des Juifs que les païens ont reçu le sacerdoce, mais bien les Juifs des païens. Melkisédek n’a pas immolé de victimes de chair et de sang, ni reçu dans ses mains des entrailles d’animaux, mais il a inauguré le sacrement du Christ par un sacrifice simple et pur, l’offrande du pain et du vin.

En outre, la lettre aux Hébreux expose longuement d’autres ressemblances entre Melkisédek et le Christ. Melkisédek, dont le nom signifie roi juste, était roi de Salem, c’est-à-dire roi de paix. Il était sans père, sans mère, sans généalogie. Par ces mots, l’auteur de cette lettre souligne que Melkisédek apparaît subitement dans la Genèse, allant à la rencontre d’Abraham qui s’en revenait après le massacre de ses ennemis. Ni avant, ni après, le nom de Melkisédek ne se retrouve dans le livre saint. Son sacerdoce est donc une figure du sacerdoce du Christ et de son Eglise, sacerdoce éternel, sans limites dans le passé comme dans l’avenir, tandis que le sacerdoce d’Aaron, chez les Juifs, eut un commencement et une fin.