Genèse 6,5-22 + 7,17-24

Les pluies du déluge annoncent les eaux du baptême

Saint Maxime de Turin

Sermon pour le Carême, n° 2+4

 

Le nombre de quarante, frères, a une valeur symbolique, lié au mystère de notre salut. En effet, lorsque dans les premiers temps, la méchanceté des hommes eut envahi la surface du sol, c’est pendant quarante jours que Dieu fit tomber les eaux du ciel et inonda la terre entière sous les pluies du déluge. Dès cette époque, l’économie du salut était donc annoncée en figure : pendant quarante jours, la pluie tomba pour purifier le monde ; et maintenant,  c’est aussi pendant les quarante jours du Carême que la miséricorde est offerte aux hommes pour qu’ils se purifient.

Le déluge, d’ailleurs, ne pourrait-il être appelé, lui aussi, une miséricorde de Dieu ? Grâce à lui, le mal fut anéanti et la justice sauvegardée ; le juste échappa et les péchés des méchants eurent un terme ; la face de la terre se trouva renouvelée par les eaux comme par un baptême, et le monde qui, souillé par les crimes des hommes pervertis, s’enfonçait dans le mal, donna un fruit de grâce, en portant l’arche du juste Noé. De repaire d’iniquités, la terre devint maison de sainteté.

Oui, le déluge est la figure du baptême. Ce qui se produisit alors s’accomplit encore aujourd’hui : quand les vices furent détruits par les sources des eaux jaillissantes, la justice régna, souveraine ; quand les péchés disparurent, noyés au fond de l’abîme, la sainteté put s’élever tout près du ciel : voilà ce qui se réalise maintenant aussi dans l’Eglise du Christ. Portée par l’eau du baptême, elle s’élève près du ciel ; les superstitions et les idoles sont englouties, et sur terre se répand la foi, jaillie de l’arche du Sauveur.