Genèse 16, 1-16

L’hymne ambrosienne dédiée à Agnès

Saint Ambroise

L’histoire des saints et de la sainteté, tome II, p. 66s

 

          Même si l’attribution à saint Ambroise de l’hymne Agnes beatae virginis a pu ne pas faire l’unanimité, elle est d’une parfaite facture et d’une élégance raffinée.

Le prologue évoque la célébration anniversaire du martyr d’une jeune fille mûre avant l’âge : le thème reprend le lieu commun antique et biblique du puer senex, de l’enfant plus adulte par la vertu de sa foi que les vieillards chenus. Ce prologue est suivi de trois scènes, de deux strophes chacune.

Le première scène décrit la fuite hors de la maison paternelle, malgré les précautions des parents, et la marche au lieu du supplice présentée comme un cortège nuptial. Ici le motif de la foi, plus forte que la peur et même que le souci de la pudeur, rencontre celui du martyr évoqué comme les noces mystiques de la jeune vierge avec le Christ-Epoux.

La seconde strophe montre Agnès sommée d’allumer l’autel d’un dieu païen qui n’est pas nommé, en fait c’est Minerve, et cite la déclaration moins provocante et moins altière que celle de l’éloge en prose, mais moins ferme dans sa simplicité, par laquelle elle déclare préférer, de son sang en éteindre la flamme, formule qu’on lisait déjà littéralement, dans le traité Sur les Vierges, appliquée à sainte Pélagie. On saisit ici l’un de ces motifs poétiques issus de la tradition païenne et de ces thèmes topiques développés par la littérature martyriale primitive dont est tissé le récit de l’hymne ambrosienne, et l’on comprend combien il est difficile au lecteur d’aujourd’hui d’en extraire les données proprement historiques. Ce deuxième acte de l’hymne met en opposition le feu satanique et le sang salvateur de la foi.