Actes des Apôtres 16, 16-40

Les persécutions

Saint Augustin

De la Cité de Dieu, chapitre LII, OC 24, p. 477s 

 

Frères, que dire de la persécution où le Seigneur fut crucifié ? A quel rang la placer ? La première certes, car après avoir frappé la tête, très vite les persécuteurs se sont acharnés sur les chrétiens, et cela peu de temps après l’Ascension du Christ. Là, le bienheureux Etienne fut lapidé ; Jacques, le frère de Jean, eut la tête tranchée ; l’apôtre Pierre fut jeté en prison, mais délivré par un ange ; les frères furent chassés de Jérusalem, dispersés de tous côtés ; Saul, qui plus tard devint l’apôtre Paul, désolait l’Eglise, et bientôt, par la foi qu’il s’était efforcé de proscrire, il endurait les tourments qu’il avait fait souffrir aux fidèles, devenu lui-même l’objet de la persécution, soit dans la Judée, soit dans les autres contrées où l’ardeur de son zèle le portait à prêcher Jésus-Christ. Pourquoi donc commencer à Néron l’ère des persécutions, quand c’est par les supplices les plus atroces et qu’il serait trop long de rapporter en détail, que l’Eglise s’est propagée jusqu’au règne de ce prince ? Si l’on veut seulement compter les persécutions suscitées par des rois, il était roi cet Hérode qui, après l’Ascension du Seigneur, en organisa une si cruelle.

L’on pourrait, hélas, continuer longtemps ainsi : contentons-nous de quelques exemples, pris parmi bien d’autres : l’empereur Julien défendit aux chrétiens d’apprendre et d’enseigner l’évangile comme les belles-lettres ! C’est sous lui que Valentinien l’aîné, devenu empereur, fut privé de sa charge pour avoir confessé la foi au Christ ! Sans parler de ce que Julien se proposait de faire à Antioche où il avait fait arrêter un grand nombre de chrétiens pour les martyriser ; et parmi ces martyrs d’Antioche, une jeune homme d’une foi admirable, ayant été le premier soumis à la torture, chanta tout le long du jour des psaumes, au milieu des plus cruels supplices ! Aussi le tyran Julien, effrayé de tant de courage et de cette joie sereine, fit arrêter les bourreaux au milieu de leur besogne, dans la crainte que la constance des autres ne tournât encore davantage à sa honte !