
Le Christ est ressuscité, Alléluia! Alléluia!
Joyeuses Pâques
HOMÉLIE
5ème dimanche de Pâques (C)
Y-a-t-il quelque chose dans les mots que nous disons ? s’interrogeait le philosophe Georges Steiner. Qu’y-a-t’il dans le mot foi, mentionné à trois reprises dans le récit des Actes des Apôtres, du mot gloire lui aussi employé trois fois dans l’Evangile, du qualificatif nouveau mentionné aussi trois fois dans l’Apocalypse et l’Evangile ?
En ce moment, à Rome, le pape François déclare « saints » dix chrétiens, six hommes et quatre femmes dont les histoires sont chacune originales, inscrites dans des temps et des lieux bien différents. Que veut dire saint ? La sainteté de Charles de Foucauld est-elle la même que celle de Marie Rivier, cette sainte de l’Ardèche, fondatrice de la Congrégation des Soeurs de la Présentation de Marie vouée à l’éducation.
Le chemin de sainteté de ces nouveaux saints est assurément un chemin de foi.
Foi reçue dès l’enfance comme don de Dieu, foi perdue pendant des années pour Charles de Foucauld ; foi prêchée pour certains, foi vécue silencieusement pour d’autres ; foi qui toujours s’est épanouie en œuvres de charité auprès des plus petits et des plus pauvres. Le récit des Actes des Apôtres mentionnait comment Dieu avait ouvert aux nations la porte de la foi. (Ac 14, 27) L’expression mérite qu’on s’y arrête car elle nous fait comprendre que :
la foi est d’abord et avant tout don de Dieu. C’est Dieu qui donne accès à la foi en nous ouvrant la porte. Et cette porte, c’est Jésus lui-même comme il le déclare dans le récit symbolique du berger et du troupeau : je suis la porte ; si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé. (Jn 10, 9)
la foi est ensuite œuvre à accomplir. St Jacques l’a affirmé sans ambiguïté : la foi sans les œuvres est morte. (Jc 2, 26) Ces femmes et ces hommes aujourd’hui canonisés ont toutes et tous oeuvrer, c’est-à-dire travailler, pour que leur foi fasse son chemin dans leurs cœurs et donne des fruits d’évangile. Leur foi en Jésus les a conduits à être témoins, parfois courageux, du royaume déjà là et toujours à annoncer et à faire grandir.
Frères et sœurs, quelle est notre foi ? Quelles sont nos œuvres ?
Dans ses méditations, Charles de Foucauld nous laisse trois messages qui peuvent interroger notre foi et nos œuvres :
* sa foi était source de joie, joie puisée dans sa méditation des psaumes. « Me réjouir de ce que Dieu est Dieu, de ce que Jésus est Dieu : ce sera l’occupation de mes jours et de mes nuits, de toutes mes heures, durant toute mon existence ». Notre foi est-elle source de joie ?
* sa foi était source de paix, paix puisée dans l’Evangile, paix contemplée en la personne de St Joseph. « A l’exemple de St Joseph, dans toute difficulté, dans toute obscurité, méditons l’amour, l’unique nécessaire. Restons dans une profonde paix puisque Dieu est Dieu ». Notre foi est-elle source de paix pour nous et dans nos relations avec les autres ?
* sa foi était source d’espérance. Apprenant le suicide d’un de ses amis, frère Charles invite à « l’espérance qui ignore le jugement » ; sa prière se fait instante « mon Dieu, faites que tous les humains aillent au ciel. » Combien de nos frères humains aujourd’hui interrogent le ciel sans trouver la moindre consolation ? Combien n’interrogent même plus le Ciel ? Notre foi est-elle source d’espérance ?
Le récit des Actes rapportait que Paul et Barnabé affermissaient le courage des disciples ; ils les exhortaient à persévérer dans la foi. (Ac 14, 22) Demandons aux nouveaux saints, en ces temps qui nous conduisent à la Pentecôte le courage de la persévérance pour vivre notre mission commune confiée à chacun par le Christ lui-même : à ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. (Jn 13, 35)
Fr. Joël