Actes des Apôtres 14,8 – 15,4

Le discours de Paul à Lystres

 

Dom Jacques Dupont

Nouvelles études sur les Actes des Apôtres, p. 415s 

Paul et Barnabé sont porteurs d’un message invitant les païens à se convertir au Dieu vivant qui a fait le ciel et la terre et tout ce qui s’y trouve. En effet, le moment présent place les hommes devant une situation nouvelle, différente de celles des générations passées où Dieu a laissé toutes les nations suivre leurs propres voies. C’est surtout le verset 17 qui mérite de retenir l’attention : Pourtant il n’a cessé de se rendre témoignage par ses bienfaits, vous donnant du ciel pluies et saisons fertiles, rassasiant vos cœurs de nourriture et de joie.

C’est à propos de cette dernière affirmation que se pose la question d’un recours éventuel à un argument philosophique. Dieu n’a pas cessé de se rendre témoignage, plus littéralement : Dieu ne s’est pas laissé lui-même sans témoignage. Ce témoignage est offert aux hommes dans le cours naturel des choses, assurant à tous ce qui est nécessaire à leur subsistance. La considération qu’on fait valoir ici n’est-elle pas celle par laquelle la philosophie prend appui sur l’ordre de la nature, en cherche l’explication rationnelle et s’élève ainsi jusqu’à la connaissance de Dieu.

Aux païens de Lystres qui les prennent pour des dieux, les apôtres veulent, non pas précisément faire connaître Dieu, mais faire comprendre qu’ils ont à changer d’attitude. Il est temps pour eux de se détourner de leurs vaines idoles pour se tourner vers le Dieu vivant, qui est, en même temps, un Dieu bienfaisant et généreux. En faisant appel au témoignage qu’il se rend à lui-même par les bienfaits qu’il accorde aux hommes, il ne s’agit pas tant de prouver son existence que de conduire à la conversion. Jusqu’aujourd’hui, Dieu a toléré des pratiques religieuses qui impliquaient à son égard, non pas un simple manque d’informations, mais une méconnaissance coupable ; maintenant le moment est venu de se convertir en abandonnant des pratiques qui lui font injure. Pas plus pour le discours de Lystres que pour celui d’Athènes, on ne peut parler de la démarche rationnelle qui serait celle de la théologie naturelle.