Galates 1,15 – 2,10

Saints Pierre et Paul

Saint Aelred de Rievaulx 

Sermons pour l’année, 2, Pain de Cîteaux 12, Sermon 17, p. 30s

 

Les saints dont nous célébrons aujourd’hui la fête ont affronté un double combat, intérieur et extérieur. Nous, nous n’en affrontons qu’un seul, le combat intérieur. Saint Pierre, en effet, comme vous le savez, n’eut pas seulement à affronter le combat spirituel contre le lion qui rôde cherchant à dévorer, mais il a mené aussi le combat extérieur contre Simon le Magicien, contre le cruel Néron, contre les supplices et les persécutions des méchants. De même pour Paul, qui dit à propos du combat extérieur : Au-dehors des combats, au-dedans des craintes. Et aussi : Si j’ai combattu contre les bêtes à Ephèse… A propos du combat intérieur, il dit : Je vois une autre loi dans mes membres qui lutte contre la loi de ma raison et m’enchaîne à la loi du péché. Mais ils avaient bien écouté la voix de leur chef qui avait dit : Soyez forts dans la guerre. C’est pourquoi ils ont bien combattu, bien vaincu, et ils ont aujourd’hui reçu la récompense de leur victoire.

Vous aussi, frères, Soyez forts dans la guerre. N’abandonnez pas le terrain de combat. Tenez-vous dans la citadelle qui est la vôtre, dans la maison qui est la vôtre : que chacun tienne bien son poste pour le défendre. Il y a en effet divers postes dans la citadelle, et à chacun a été assigné un poste bien précis pour qu’il en assure la garde. Que personne donc, pour la partie qui lui revient, ne laisse entrer l’ennemi. Les simples moines, les cloîtriers, ont tel poste, les moines chargés d’une obédience tel autre, les supérieurs encore un autre. Que chacun assure bien la garde de son poste. Qu’il veille autant qu’il peut à ce que l’ennemi n’entre  pas.

Le poste que les cloîtriers, les simples moines, doivent défendre et protéger contre leurs ennemis, c’est l’observance régulière. Il leur revient de veiller à ce que l’ennemi ne puisse pas trouver quelque brèche dans cette observance régulière, par où il pourrait entrer. Ils doivent être attentifs à ce qu’aucune paresse ne se glisse dans le travail, de peur que l’ennemi n’entre par là, et ne mette en pièce l’important rempart qui nous protège de nos ennemis les plus terribles : l’acédie et la tristesse. Ils doivent soigneusement prendre garde à ce qu’aucun soulagement superflu ne vienne faire voler en éclats notre abstinence et que trop de somnolence ne réduise à rien les veilles. Ce sont là deux excellentes tours qui nous mettent à l’abri des traits enflammés des passions ; elles doivent donc être bien gardées pour éviter que l’ennemi n’y trouve quelque brèche. Ces moines également veiller soigneusement au silence : s’il vient à être entamé et émoussé, l’ennemi entrera aussitôt par les querelles, les rivalités et les disputes.