Néhémie 5, 1-19

La crainte de Dieu

Père Paul-Marie de la Croix

L’Ancien Testament source de vie spirituelle, p. 726s

 

Devant les plaintes et les récriminations des gens du peuple, Néhémie fut vivement irrité ; il tança les grands et les notables, et leur dit : Ne voulez-vous pas marcher dans la crainte de notre Dieu ?

Dans l’Ancien Testament, la crainte de Dieu bannit l’orgueil par la conscience profonde qu’elle donne à l’homme de sa dépendance vis-à-vis de Dieu. Elle l’établit dans l’humilité qui est vérité, dans la douceur qui est justice, et, en définitive, dans l’amour.

L’amour parfait bannit la crainte, dira saint Jean ; mais cette crainte dont il parle, c’est la peur, c’est l’effroi. Le véritable israélite ne connaît pas cette crainte-là : il n’a pas peur de Dieu. Il lui parle familièrement, bien que toujours avec un infini respect. Et lorsqu’il lui arrive de parler des terreurs divines, il s’agit là d’une résonance qu’éveillent dans une âme, finie et limitée, le contact et l’envahissement du divin. Sous cette action, l’être distendu éclate. De plus, tout l’Ancien Testament est sous le signe de la gloire de Dieu, de sa manifestation bien propre à bouleverser tout sentiment de sécurité. 

Mais habituellement le véritable israélite, grâce à la crainte de Dieu, entretient avec Dieu des relations toutes filiales de confiance et d’amour. C’est à ce titre de Créateur et de Père que Dieu a voulu la dépendance de l’homme : Crains le Seigneur de toute ton âme, aime de toutes tes forces celui qui t’a fait. La crainte de Dieu est pénétrée, imbibée d’amour. Le véritable israélite a foi en la bonté, la tendresse, la miséricorde de Dieu, et c’est à la crainte qu’il le doit. 

La crainte de Dieu ne risque pas de devenir moins nécessaire, à mesure que l’âme poursuit sa marche vers Dieu. Bien au contraire, elle le devient d’autant plus que l’âme désire s’unir plus intimement à Lui. Désireuse de rendre à Dieu ce qui lui est dû et de n’avoir point le dernier mot, la crainte de Dieu répond humblement : Le résultat final de la crainte de Dieu, c’est la sagesse.