Proverbes 9, 1-18

Le banquet de la Sagesse

Père Maurice Gilbert

Les cinq livres des Sages, p. 54s

 

Le texte que nous venons d’entendre vient au terme du prologue du livre des Proverbes ; ce prologue introduit les sept collections prover biales, recueillies par les sages, après l’exil. Par leur travail, ils ont en fait construit une grande demeure, dont le fonds est antique, mais ils savent bien que ce n’est pas seulement leur œuvre, ni celle de leur prédécesseurs, c’est aussi l’œuvre de la Sagesse qui les inspirait tous. Et ces collections offrent un véritable festin à qui accepte de s’en régaler : il y acquerra savoir-faire et savoir-vivre, en un mot : une bonne éducation. 

Pour le dire, rien de tel, au terme de l’introduction, que cette parole à laquelle chacun doit répondre pour lui-même : Viendras-tu te nourrir au festin ? Le livre du Deutéronome (8,3) qui eut un écho jusque dans la tentation de Jésus au désert, dit, de son côté que c’est la parole de Dieu qui nourrit vraiment l’homme, et le prophète Isaïe (55,13) dit à son tour que la parole prophétique est un festin qui donne la vie et auquel les auditeurs du prophète sont invités gracieusement. 

Il faut ajouter que le portrait parallèle de Dame Folie, surtout par l’identique appel (Proverbes 9,16 et 9,4), montre qu’il faut choisir. Le livre du Deutéronome (30,15-20) plaçait chacun au carrefour de deux voies : l’une conduit à la vie, au bonheur, et l’autre, à la mort. L’introduction au livre des Proverbes s’achève par la même exigence : il te faut choisir ou la Sagesse, qui inspira les sages et montre un chemin de vie, ou Dame Folie, symbole de l’attrait de tous les dérèglements mortels.

A la dernière Cène, Jésus prit du pain et dit : Ceci est mon corps ; puis, de la coupe, il dit : Ceci est la coupe de mon sang. Le rapprochement avec le début du texte lu en ce jour, Proverbes 9,1-6, est si fort que l’on reprend souvent la parabole de la Sagesse comme cantique eucharistique. Avec raison. La seconde partie du discours de Jésus à Capharnaüm sur le pain de vie (Jean 6, 51-58) y préparait, montrant aussi qu’il conduit à un choix radical. Mais à la suite du Deutéronome (8,3) et d’Isaïe (55,1-3), la parole de Jésus, son message, est déjà une nourriture qui apporte la vie.