Job 40, 6-24 + 42, 1-6

Les relations fraternelles entre Marthe, Marie et Lazare

Anne-Laure Zwilling

Et Lazare ?, p. 154s

 

Il est impossible de traiter du récit de Luc 10,38-42 (Marie a choisi la meilleure part) sans évoquer aussi le texte de Jean 11,1-44 (la résurrection de Lazare). En effet, il existe plusieurs liens entre ces deux récits.

Dans le récit de Luc 10, la présence de Marie était silencieuse, mais bien réelle : les deux sœurs se livraient à des activités distinctes, mais dans la même maison. En Jean 11, lors de la résurrection de Lazare, le frère et les deux sœurs du récit ne sont quasiment pas mis en relation les uns avec les autres, et leur relation ne change pas. Les personnages non plus n’évoluent pas. En Luc 10, c’est sur la base de la relation avec sa sœur que Marthe interpelle Jésus, cette relation fait partie de la discussion entre Marthe et Jésus. Marthe légitime son interpellation par un rappel du statut de celle dont elle parle, ma sœur ; et cela est en jeu dans leur dialogue. Il n’y a rien de tel dans le récit de Jean. Les personnages sont présentés comme frère et sœur, mais rien n’est dit sur leur relation, et eux-mêmes n’en parlent pas. Quand Marthe et Marie envoient chercher Jésus, c’est pour celui que tu aimes. La relation fraternelle n’est pas mise en avant, et n’est pas la motivation de la demande. Ainsi la fraternité n’est pas une thématique du récit ; elle n’en est pas non plus un enjeu, ni un moteur.

Dans le récit de la résurrection de Lazare, on y apprend quand même quelque chose de la relation fraternelle. Il n’y a pas assez d’éléments pour étudier sa mise en récit. On peut repérer l’image de la fraternité que construisent certaines des informations données. Marthe et Marie sont affectées par la mort de Lazare, au point de souhaiter que Jésus ait été là parce qu’alors mon frère ne serait pas mort. Mais il n’est rien dit de la douleur de Marthe,et si Marie pleure, ce n’est pas plus que les Juifs qui l’accompagnaient. La personne la plus émue du récit est Jésus, qui frémit en son esprit et se troubla (verset 33) et pleura aussi (verset 35). la relation frère-sœur n’est donc pas caractérisée ici par sa dimension émotionnelle ;  ce n’est pas une relation avant tout affective. Elle sert lors de la présentation des personnages, et à nouveau lorsque Marthe et Marie s’adressent à Jésus : c’est pour leur frère qu’elles viennent parler. C’est par la relation fraternelle que Marthe et Marie légitiment leur appel : Mon frère ne serait pas mort. Cette relation est donc reconnue ; elle est une réalité sociale admise. 

Voilà ce qu’on apprend dans ces récits : bien qu’ils ne traitent pas des relations entre le frère et les sœurs, ils permettent de réaliser que leur importance sociale est reconnue et prise en compte.