Tobie 7,9-16 + 8,4-14

La mission de saint Pio de Pietrelcina

Benoît XVI

Homélie du 22 juin 2009, internet

 

Durant sa vie publique, Jésus ne douta pas du pouvoir de Dieu le Père et de sa proximité, même s’il dut faire pleinement l’expérience de la distance de la haine à l’amour, du mensonge à la vérité, du péché à la grâce. A Gethsémani avant son arrestation, durant sa passion jusqu’à sa mort en croix, Jésus fut, d’une part entièrement un avec le Père, pleinement abandonné à Lui, et d’autre part en tant que solidaire avec les pécheurs il fut comme séparé et se sentit abandonné par Lui.

Certains saints ont vécu intensément et personnellement cette expérience de Jésus. Padre Pio de Pietrelcina est l’un d’eux. Un homme simple, d’origine humble, saisi par le Christ comme Paul pour en faire un instrument élu du pouvoir éternel de sa Croix : pouvoir d’amour pour les âmes, de pardon et de réconciliation, de paternité spirituelle, de solidarité effective avec ceux qui souffrent. Les stigmates, qui marquèrent son corps, l’unirent intimement au Crucifié-Ressuscité. Authentiquement disciple de saint François, il fit sienne comme le Poverello d’Assise, l’expérience de l’apôtre Paul, telle qu’il l’a décrit dans ses lettres : Avec le Christ, je suis fixé à la croix ; je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Cela ne signifie pas aliénation, perte de personnalité : Dieu n’annule jamais l’être humain, mais le transforme avec son Esprit et l’oriente au service de son dessein de salut. Padre Pio conserva ses dons naturels et aussi son tempérament, mais il offrit chaque chose à Dieu qui a pu s’en servir librement pour prolonger l’œuvre du Christ : annoncer l’Evangile, remettre les péchés et guérir les malades dans le corps et l’esprit.

Comme ce fut le cas pour Jésus, Padre Pio a dû souvent soutenir la vraie lutte, le combat radical, non contre des ennemis terrestres, mais contre l’esprit du mal. Les plus grandes tempêtes qui le menaçaient étaient les assauts du diable, dont il se défendait avec l’armure de Dieu, le bouclier de la foi, et l’épée de l’Esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu. Restant uni à Jésus, il n’a jamais perdu de vue la profondeur du drame humain, et c’est pour cela qu’il s’est offert et a offert ses nombreuses souffrances, et il a su se prodiguer pour le soin et le soulagement des malades, signe privilégié de la miséricorde de Dieu, de son Royaume qui vient, qui est même déjà dans le monde, de la victoire de l’amour et de la vie sur le péché et sur la mort. Guider les âmes et soulager les souffrances : ainsi peut-on résumer la mission de saint Pio de Petrelcina, comme l’a dit à son propos le serviteur de Dieu, le saint pape Paul VI : C’était un homme de prière et de souffrance.