Siracide 2, 1-18

Rencontrer vraiment le Dieu de l’Alliance : craindre Dieu

Père Louis Derousseaux

La crainte de Dieu dans l’Ancien Testament, p. 354s

 

La crainte de Dieu n’est pas seulement un comportement moral adéquat qui donne le bonheur, elle est liée au seigneur et à sa Loi révélée : elle s’identifie parfois à elle, elle est toujours obéissance à cette Loi, elle reste toujours relation concrète avec le Seigneur. Tout s’explique par cette conviction : le don de soi à la Loi, qui est la vraie sagesse, est une manière de rencontrer vraiment le Dieu vivant de l’Alliance, c’est-à-dire de craindre Dieu. Bien que l’expression craindre le Seigneur ton Dieu n’y figure pas, nous retrouvons dans le livre de l’Ecclésiastique le sens deutéronomien de la soumission absolue au Seigneur, Dieu de l’Alliance.

En effet, la pensée du Juge suprême est présente partout. Dieu voit tout et il sait les actions des hommes, même de leurs péchés les plus secrets. Il faut penser à la fin, au moment du jugement et de la colère  de Dieu. Il faut donc observer la Loi, aimer Dieu, mais aussi être sur ses gardes et savoir que, si la Loi donne la vie, sa transgression apporte la mort. Or, l’homme est fragile et pécheur : il est chair ; c’est la raison de la patience du Seigneur et de son pardon miséricordieux, c’est la raison de son attitude d’éducateur. Car le Seigneur châtie parfois, et le propre du craignantDieu, c’est d’accepter cette épreuve, cette réprimande, cette discipline. Celui qui craint le Seigneur entend ses leçons ; le péché n’accepte pas la réprimande. 

Le texte entendu montre que l’on ne reste pas aux naïvetés des amis de Job : Si tu prétends servir le Seigneur, prépare-toi à l’épreuve.

Ben Sira a conscience que ses idées sur la crainte, la Loi et la sagesse n’expliquent pas tout : en accomplissant la Loi, il, espère sa récompense, mais il se sait faible et pécheur devant le Seigneur qui est un juge et qui ne fait pas acception des personnes. Et plutôt que d’en appeler à sa propre justice, il préfère en appeler au Seigneur, père et maître de sa vie, pour en accepter l’épreuve et s’abandonner à lui dans la confiance.