Siracide 3, 17 – 4,10

Charité envers les pauvres

Saint Augustin

Discours sur les psaumes, tome II, Psaume 131, 24, p. 1099s

 

Le Seigneur a fait choix de Sion, il l’a prédestinée à être sa demeure. Sion, c’est l’Eglise. C’est la Jérusalem vers laquelle nous sommes en route, nous hâtant pour y connaître la paix. Oui, je veux combler sa veuve de bénédictions, rassasier de pain tous ses pauvres. Beaucoup de chrétiens s’enorgueillissent de leurs biens. Ils adorent le Christ, mais ce n’est pas là ce qui les comble. S’ils sont rassasiés, en effet, c’est de l’abondance de leur vanité. C’est d’eux qu’il est écrit : Nous sommes saturés de mépris, nous en sommes saturés, écœurés. Aux arrogants, le mépris ; aux gens repus, le ridicule ! Ils sont riches, ils mangent à leur faim, mais sans être rassasiés. Et que lisons-nous à leur sujet dans un psaume : Tous ces heureux de la terre qui festoyaient, ils s’inclinent. Ils vénèrent le Christ, ils lui adressent leurs supplications, mais ils ne sont rassasiés, ni de la sagesse, ni de la justice de Dieu. Pourquoi ? Parce qu’ils font partie des pauvres. 

Les pauvres, c’est-à-dire ceux qui sont humbles de cœur, mangent d’autant plus que leur faim est plus grande. Et leur faim est d’autant plus grande que, en ce qui concerne les biens de ce monde, ils ne possèdent rien. Si quelqu’un est repu, quoique vous lui présentiez, il le refuse, car il est repu. Mais montrez-moi une personne qui a faim, montrez-moi ceux dont le Seigneur dit : Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés. Voilà les pauvres auxquels s’applique la parole du psalmiste : Je veux rassasier de pain tous ses pauvres. Soyez donc de ces pauvres, ne cherchez votre secours qu’en Dieu seul. Il arrive, je dois le reconnaître, que l’on rencontre des pauvres pleins d’orgueil, et des riches étonnants d’humilité. Tous les jours, j’en fais l’expérience. On entend un pauvre gémir, comme écrasé sous le poids du riche qui lui fait sentir sa puissance. Parfois, il ne s’agit pas d’humilité, mais d’orgueil. Le pauvre de Dieu n’est pas celui dont la bourse est vide, mais celui qui est pauvre dans son cœur.