1 Corinthiens 1,18 – 2,5

La Croix de saint André

Benoît XVI

La sainteté ne passe pas, p. 262s

 

          Une tradition raconte la mort de l’apôtre André à Patras, en Grèce, lieu où il aurait lui aussi subi le supplice de la crucifixion. Cependant, au moment suprême, de manière semblable à son frère Pierre, il demanda à être placé sur une croix différente de celle de Jésus. Dans son cas, il s’agit d’une croix décussée, c’est-à-dire dont le croisement transversal est incliné, qui fut donc appelée Croix de saint André.

          Voilà ce que l’apôtre aurait dit à cette occasion, selon un antique récit, datant du début du VIème siècle, récit intitulé Passion d’André :

          « Je te salue, ô Croix, inaugurée au moyen du Corps du Christ et qui as été ornée de ses membres, comme par des perles précieuses. Avant que le Seigneur ne monte sur toi, tu inspirais une crainte terrestre. A présent, en revanche, dotée d’un amour céleste, tu es reçue comme un don. Les croyants savent, à ton égard, combien de joie tu possèdes, combien de présents tu prépares. Avec assurance et rempli de joie, je viens donc à toi, pour que toi aussi, tu me reçoives exultant comme le disciple de celui qui fut suspendu à toi… Ô Croix bienheureuse, toi qui reçus la majesté et la beauté des membres du Seigneur !… Prends-moi et porte-moi loin des hommes et rends-moi à mon Maître, afin que, par ton intermédiaire, me reçoive celui qui, par toi, m’a racheté. Je te salue, ô Croix ; oui, en vérité, je te salue !

          Comme on le voit, il y a là une très profonde spiritualité chrétienne qui voit, dans la croix, non pas tant un instrument de torture, mais plutôt le moyen incomparable d’une pleine assimilation au Rédempteur, au grain de blé tombé en terre. Nous devons en tirer une leçon très importante : nos croix acquièrent de la valeur si elles sont considérées et accueillies comme une partie de la croix du Christ, si elles sont touchées par l’éclat de sa lumière. Ce n’est que par cette Croix que nos souffrances sont aussi ennoblies et acquièrent leur sens véritable.