Apocalypse 1,4…3,21

Le Sacerdoce Royal

Père Yves-Marie Blanchard

Jésus-Roi selon le Nouveau Testament, Liturgie 191, p. 342s

 

          Si l’Apocalypse est le grand livre du Christ Roi, notamment à travers la figure de l’Agneau, on y trouve aussi l’image d’un sacerdoce royal qualifiant l’ensemble du peuple saint, en écho au livre de l’Exode (19,6) : Je vous tiendrai pour un royaume de prêtres et une nation consacrée, et selon une expression proche de la solennelle déclaration imputée à l’apôtre Pierre (1 Pierre 2,9) : Vous êtes une lignée choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés de la ténèbre à son admirable lumière. Le texte de l’Apocalypse (1,6) se présente lui-même ainsi : Il a fait de vous une royauté de prêtres pour Dieu, son Père.

            Il ne fait pas de doute que ce texte de l’Apocalypse s’inspire du texte de l’Exode, à savoir la promesse du Seigneur, adressée à Moïse sur le Sinaï, de faire du peuple hébreu une communauté de prêtres, une nation sainte. L’Accent porte ici sur la communauté nationale, désignée comme royaume ou royauté, en fonction d’un service liturgique ou sacerdotal, œuvre normalement confiée aux prêtres, mais élargie à l’ensemble du peuple. Tandis que le texte hébraïque parle d’une réalité sociale, voire politique (un royaume, une nation), prioritairement vouée au service de Dieu en tant que prêtres, la version grecque fait porter l’accent sur la vocation propre d’Israël, à savoir un sacerdoce qualifié de royal, en tant qu’il l’emporte sur toute autre réalité et se sait au service d’un Dieu souverainement maître et Seigneur de toutes choses.

            L’élargissement de la royauté au peuple entier, qu’il soit on non qualifié de sacerdotal, paraît soutenu par l’énoncé d’un autre verset, essentiel à la définition du contenu du livre de l’Apocalypse : Moi, Jean, votre frère et compagnon dans la détresse, la royauté et la constance en Jésus, je me trouvai dans l’île de Patmos à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus. Il est clair que la situation de l’Eglise locale, dans un contexte difficile pouvant mener à la persécution, relève de trois valeurs ou vertus associées : la détresse, la constance, la royauté. Depuis le royaume de Dieu ou des cieux, rendu proche par la prédication de Jésus, on est ainsi passé, par degrés, de la pleine souveraineté de Dieu à celle du Christ-Roi, avec en conséquence la qualification royale de l’Eglise : communauté de témoins et peuple de martyrs, à la suite du Roi crucifié, Jésus l’Agneau royal élevé sur le trône en parfaite communion avec le Dieu souverain du livre de l’Apocalypse.